Allemagne: nouveau procès contre un ancien gardien de camp nazi

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Belga
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Un ancien gardien SS du camp de concentration de Stutthof en Pologne, âgé de 94 ans, va comparaître à partir du 6 novembre devant la justice allemande pour la mort de plusieurs centaines de déportés, a annoncé le tribunal vendredi. L'homme, dont l'identité n'a pas été précisée, est accusé de complicité de meurtre de plusieurs centaines de déportés entre 1942 et 1945 dans ce camp situé à quelques dizaines de kilomètres de Gdansk pendant la Seconde Guerre mondiale, a précisé le tribunal de Münster, devant lequel il comparaîtra.

Parmi les victimes, figurent plus de 100 prisonniers politiques polonais, gazés les 21 et 22 juin 1944, et "probablement plusieurs centaines" de Juifs, eux aussi gazés entre août et décembre 1944.

Il sera jugé sur plusieurs semaines jusqu'au mois de janvier, au moins, par une cour pour mineurs, puisqu'il avait moins de 21 ans au moment des faits présumés.

Quelque 115.000 prisonniers sont passés par le camp de Stutthof (Sztutowo en polonais), dont 65.000 sont morts, selon le mémorial de la Shoah Yad Vashem. Gardé par des SS et des auxiliaires ukrainiens, il a d'abord accueilli des Polonais, Norvégiens ou Danois, avant que des Juifs des pays baltes ou de Pologne, essentiellement des femmes, y soient déportés à partir de 1944.

L'Allemagne a jugé et condamné ces dernières années plusieurs anciens SS pour complicité de meurtre: John Demjanjuk, Reinhold Hanning et Hubert Zafke ont tous été condamnés, illustrant la sévérité accrue, mais très tardive, de la justice allemande. Cependant, jusqu'ici, aucun n'est allé en prison en raison de leur état de santé. Dernièrement, Oskar Gröning, dit le "comptable d'Auschwitz", a été définitivement condamné à quatre ans de prison, avant de mourir en mars à 96 ans, peu avant son incarcération.

L'Allemagne a aussi accepté en août d'accueillir un ex-gardien SS âgé de 95 ans expulsé par les Etats-Unis, invoquant sa responsabilité "morale".

La justice allemande est régulièrement critiquée pour son traitement des crimes du IIIe Reich, accusée d'avoir longtemps trop peu condamné, trop faiblement et trop tard. Une nouvelle interprétation juridique permet désormais aux tribunaux et parquets de juger pour "complicité de meurtre" les accusés qui ont apporté une aide ou participé à l'organisation d'un camp. Dans le passé, seuls les suspects directement impliqués dans l'assassinat de prisonniers étaient traduits devant un tribunal.

source: Belga