Cancer de la gorge: le patient qui a reçu un larynx artificiel peut parler et respirer

16 mois après avoir reçu une prothèse vocale, un patient français de 56 ans, souffrant d'un cancer de la gorge, peut désormais chuchoter et respirer normalement. Une première d'après un rapport publié aujourd'hui dans le New England Journal of Medicine.
par
Laura
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C'est la première fois que les médecins voient un patient récupérer sur le long-terme ses fonctions vocales et respiratoires après le retrait complet du larynx.

Grâce à un larynx artificiel, implanté en 2015 dans le service ORL de l'hôpital universitaire de Strasbourg-Hautepierre (Bas-Rhin), ce Français de 56 ans, résidant en Alsace, peut maintenant chuchoter de manière compréhensible et respirer normalement.

Le patient a également recouvert l'odorat, endommagé par le retrait du larynx. Hormis les cordes vocales, le larynx comprend une valve supérieure, appelée épiglotte, qui se ferme au passage des aliments leur évitant d'aller dans la trachée.

Un problème à résoudre

Cette prothèse a été développée par l'entreprise française Protip Médical. Elle est composée d'une partie en titane et silicone rigide qui remplace le larynx, et une partie en titane amovible qui reproduit la fonction de l'épiglotte.

Le seul problème qui n'a pas été résolu dans le dispositif concerne la fonction de l'épiglotte. Le patient tousse de temps en temps en mangeant et les aliments se retrouvent accidentellement dans sa trachée.

Quid du succès à long terme

Néanmoins, cet "implant" est un début très satisfaisant, se félicitent les chirurgiens. Actuellement, la procédure actuelle pour rétablir la parole chez ces patients consiste à perforer la gorge pour y insérer une valve permettant à l'air de passer de la trachée à l'oesophage.

Quelques doutes subsistent sur l'efficacité à long terme de l'implant. Par exemple, le risque de blocage à cause du mucus et des sécrétions du poumon et du nez qui pourraient se dessécher. Autre préoccupation : le risque de rejet, particulièrement chez les patients cancéreux qui ont subi une radiothérapie ou chimiothérapie.

Concernant le confort du patient, des tests permettront de voir si la mobilité du cou avec un tube rigide dans la gorge reste possible. "Cet implant se développe constamment et les prochains patients pourront profiter du perfectionnement du dispositif, notamment sur la déglutition", concluent les spécialistes.

Greffes rarissimes

Chaque année, 5000 nouveaux cas de cancer de la gorge apparaissent en France et plus de 12.000 aux Etats-Unis. Près de 1600 patients français subissent chaque année une laryngectomie totale, à savoir l'ablation du larynx.

Les greffes de larynx restent rarissimes dans le monde et sont réservées aux patients qui n'ont pas eu de cancer, soit une faible minorité. Ce rapport a été publié dans la revue "New England Journal of Medicine".