Escalade : le grimpeur Siebe Vanhee s'attend à de profonds changements

L'escalade aux JO C'est quelque chose que tu attendais?
«C'est une grande nouvelle, cela va inévitablement changer ce sport. Et c'est assez logique, étant donné qu'il est de plus en plus populaire. Ce choix ouvre un grand avenir pour la discipline, surtout en salle.»
L'escalade aux JO, sur des murs artificiels N'est-ce pas une drôle d'idée pour les grimpeurs, comme toi, qui aiment escalader des proies vierges au bout du monde?
«On parle d'escalade, mais il faut bien voir que c'est une discipline au sein de laquelle cohabitent plusieurs pratiques. Moi, j'ai commencé par l'escalade en salle, et j'aimais bien la compétition. Au fil des années, mes centres d'intérêt ont évolué, même si je garde encore un il sur ce qui se fait en compétition. Aujourd'hui, je préfère escalader des big walls, où je passe plusieurs jours sur une falaise, que ce soit en Patagonie ou en Sibérie.»
Justement, ne redoutes-tu pas que la médiatisation de la discipline la modifie profondément?
«Il en faut pour tous les goûts, pour ceux qui aiment grimper en salle, et pour ceux qui aiment le grand air et l'aventure. Il faut que les clubs veillent à préserver l'esprit de l'escalade où la grimpe ne constitue pas le seul objectif. Il ne faut pas négliger ceux pour qui l'important, c'est le fait de partager un moment entre amis, de découvrir la nature. Il ne faut pas perdre ces week-ends où on part de Bruxelles à vélo jusqu'à Freyr (le plus célèbre site belge pour l'escalade), le fait de boire une bière entre amis après une journée à escalader Bon Je ne dis pas qu'il faut boire de la bière pour faire de l'escalade! Mais il faut préserver la convivialité, le côté bande d'amis qui part passer un week-end ensemble'.»

La hausse du nombre de pratiquants ne va-t-elle pas pousser les fédérations à équiper de plus en plus de falaise, au détriment des grimpeurs qui apprécient les sites peu équipés?
«Il faut y faire attention. Mais je crois que, en Belgique en tout cas, les clubs font attention à satisfaire tous les grimpeurs. Et en ce qui concerne les big walls ça n'est pas demain la veille que des parois au bout du monde seront équipées, surtout quand il faut marcher des jours, voir des semaines, pour arriver à leur pied! Sur ces murs, on pourra continuer à pratiquer l'escalade traditionnelle (sans ajout de broches visées dans la roche pour sécuriser la progression du grimpeur, ndlr).»
Penses-tu que les grimpeurs intéressés par la compétition se mettront un jour aux big walls?
«Tous ne le feront pas, car ça n'a rien à voir. Mais certains vont s'y mettre. Ils vont arriver avec un très gros niveau, et ils font certainement réussir des ascensions incroyables.»
Avec cet engouement, certains craignent une hausse du nombre d'accidents
«Il faut bien rappeler qu'escalader une falaise, c'est dangereux. Cela demande une profonde maîtrise des différentes techniques de sécurité. Il faut absolument le souligner, et ne pas laisser des gens trop peu expérimentés se mettent en danger. On peut être un très bon grimpeur en salle, et ne rien connaître à l'escalade en falaise.»