Inde: Nettoyeur d'oreilles ambulant, une profession qui se perd

« Est-ce que vous aimeriez que je vous nettoie les oreilles? » Cette question peut paraître inhabituelle mais dans le centre-ville de Mumbai, la capitale commerciale de l'Inde, c'est quelque chose qu'on peut entendre tous les jours.
Reconnaissables par les foulards rouges qu'ils portent sur la tête, les nettoyeurs d'oreilles, ou kaan saaf wallahs comme on les appelle, sont les derniers représentants d'une tradition ancestrale qui se transmet de génération en génération.
Le LA Times est allé à la rencontre de Sayed Mehboob, 45 ans, un nettoyeur d'oreilles professionnel. Déboucher les oreilles des passants, en sortir les saletés et la cire, c'est le quotidien de cet homme depuis une vingtaine d'années déjà.
Une méthode rudimentaire et peu coûteuse
Mehboob demande 20 roupies, environ 30 centimes d'euros pour un nettoyage standard. Sa méthode consiste à tremper une aiguille en acier, enroulée de coton, dans de l'eau oxygénée. Il gratte d'abord le canal extérieur de l'oreille avant de s'occuper du canal intérieur. Une vieille pince à épiler lui sert à extraire les morceaux de cire les plus difficiles à enlever. Une méthode sûrement douloureuse, mais plus rapide qu'un cirage de chaussures.

Pour un nettoyage de luxe, comptez 50 roupies (environ 70 centimes d'euros). Celle-ci peut inclure de la lotion ou encore de l'huile de coco.
« Ça, c'est si l'oreille est enflammée ou si elle est vraiment très rouge » a confié Sayed Mehboob au journaliste du LA Times. « Les lotions apportent un effet apaisant. »

Une profession en voie de disparition
Les Indiens les plus jeunes ne connaissent pas forcément la profession de ces hommes aux foulards rouges qui agitent leurs aiguilles dans la rue. Leur clientèle se compose surtout de personnes plus âgées, habituées à cette tradition. Les jeunes générations optent plus facilement pour les cotons-tiges. Avec le succès de ces derniers et une obsession grandissante pour l'hygiène, les nettoyeurs d'oreilles semblent voués à disparaître.
Mehboob a formé son neveu à la profession pour assurer la relève. Une nouvelle génération de nettoyeurs d'oreilles à Mumbai peut donc voir le jour. Il rejette l'avis des médecins qui déconseillent à leurs patients de se confier à des hommes comme lui.
« Bien sûr qu'ils disent ça », dit-il, « c'est bon pour leur business. » Un peu moins bon pour celui de Mehboob et de ses confrères.
Si vous avez l'occasion de vous rendre en Inde, les plus courageux d'entre vous se laisseront peut-être tenter par un décrassage d'oreilles express.