Interview: Fink en "hard believer" au Pukkelpop

par
Jerome
Temps de lecture 3 min.

Fin Greenall est le premier D.J. et producteur d'électro à avoir débuté en tant qu'auteur-compositeur-interprète chez Ninja Tune, le légendaire label de dance. Son cinquième opus, «Hard Believer», regorge de chansons oppressantes avec une préférence pour l'urban soul, le dub, le blues et l'ambient tout en retenue. De belles promesses pour sa prestation au Pukkelpop samedi.

On note dans «Hard Believer» des morceaux qui flirtent rigoureusement avec les six minutes d'infos musicales. On y laisse à certains moments joyeusement tomber les conventions classiques en matière de chansons pour faire place à des structures atypiques toujours plus en harmonie avec le timbre de voix chaud mais insidieux de Fin Greenall.

Fink: «C'était une évidence pour moi dès les premières notes que j'ai écrites pour cet album que je devais aller plus en profondeur dans mon travail d'écriture que dans les albums précédents. Je voulais aussi me montrer plus ambitieux dans les structures, les ambiances, les textes, les mélodies et continuer à me surprendre moi-même pendant ce voyage. Le son de ‘Hard Believer' devait pouvoir atteindre une autre dimension sans pour autant faire totalement table rase du passé. Tout ce qu'on fait est une accumulation d'expériences. On n'a jamais les succès sans les ratés et j'en suis de plus en plus conscient.»

J'entends pas mal de plaisir de jouer et le désir d'enregistrer les titres avec le plus d'intensité possible. Le producteur a-t-il influencé cet état d'esprit ?

«Nous avons campé 17 jours dans le mythique studio Sound Factory à Hollywood, un endroit où vous ressentez la magie de disques légendaires. Billy Bush (cf. Beck, Garbage, Foster The People...) était le producteur idéal pour ‘Hard Believer'. Il est parvenu à nous faire oublier que nous étions en train d'enregistrer. À certains moments, nous étions tellement à fond dans les morceaux que le monde extérieur n'existait plus. En tant que musicien ou auteur-compositeur, vous rencontrez alors votre propre âme créative et vous oubliez les héros musicaux qui ont fait de vous ce que vous êtes aujourd'hui. Une sorte d'instinct primitif s'empare de vous à ce moment et c'est la première fois que j'ai ressenti cela entre les quatre murs d'un studio. Une expérience intense, surprenante mais aussi très spirituelle. Pour la première fois, j'ai été et je suis vraiment moi en tant qu'auteur-compositeur et musicien.»

Vous êtes en tout cas un travailleur acharné et ambitieux et un «hard believer» pour vous-même.

«J'aimerais toucher un public plus vaste mais je ne suis pas prêt pour cela à écrire des mélodies taillées pour passer à la radio que vous pouvez déjà fredonner après la première écoute. J'ai pas mal tourné après mon disque précédent, ‘Perfect Darkness', et aussi sorti deux albums live. En outre, dans le giron de Ninja Tune, j'ai pu fonder un label propre. R'Coup'D me donne dès lors la liberté artistique nécessaire à laquelle j'aspire et je veux aussi l'utiliser pour offrir une plateforme aux jeunes talents. Et, à propos de ‘hard believer', ce terme est utilisé dans le sud profond des États-Unis pour décrire les personnes qui ne se laissent convaincre que difficilement et qui exigent pour tout une preuve tangible. Eh bien, je dois aussi faire un gros effort pour me convaincre à la fin du voyage. Seul le meilleur matériel a sa chance et le principe du ‘kill your own darlings' est dès lors loin de m'être étranger. Mais, en même temps, j'en jouis aussi car je peux de cette manière repousser des limites dont je n'aurais jamais rêvé avant.»

Live le samedi 16/8 au Pukkelpop et le samedi 1/11 au Vooruit de Gand – www.finkworld.co.uk

Dirk Fryns