Keith Haring, ce militant

De Keith Haring, on connaît ses bébés rampants et soucoupes volantes à la forme synthétique. L'artiste pop art américain a toutefois également décliné ses couleurs vives et contours noirs dans des affiches, fresques murales et installations pour dénoncer le racisme, l'homophobie ou encore l'armement nucléaire dans le New York des années '80.
par
Pierre
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C'est son militantisme qui s'exposera dès ce 6 décembre à Bozar dans une rétrospective inédite pour les 30 ans de la mort du jeune prodige, décédé précocement en 1990 des suites du sida.

Engagé. Un adjectif qui sied bien à Keith Haring, ami et collaborateur d'Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat qui, comme lui, désiraient réconcilier beaux-arts et culture populaire.

"Son travail, révélateur de son époque, s'exposait tant sur les murs de New York que dans les galeries. Il comblait ainsi le fossé entre la rue et le milieu de l'art", souligne le commissaire de l'exposition, Darren Pih. Pour preuves, des affiches promouvant l'usage du préservatif alors que le virus du VIH fait des ravages parmi les jeunes homosexuels ou celles dénonçant l'apartheid en Afrique du Sud.

Dans les années '80, la Grosse Pomme était en effet gangrenée par le racisme, les injustices sociales, les problèmes de logements... Keith Haring, lui-même issu d'une famille conservatrice, était ouvertement gay. Des questions abordées par l'icône pop "qui sont toujours d'actualité", pointe Alberta Sessa, coordinatrice de projets à Bozar. "Cet activisme parle à la jeune génération."

Bozar propose aux visiteurs de découvrir au fil des salles d'exposition plus de 85 dessins, peintures, vidéos, collages, fresques murales et documents d'archives, notamment au cours de visites guidées non conventionnelles.

Rachael Agnes Moore, coordinatrice noire et bisexuelle de la RainbowHouse à Bruxelles, le graffeur bruxellois Dema ou encore la journaliste indépendante et fondatrice du Café Congo Gia Abrassart livreront ainsi leur lecture de l'oeuvre de Keith Haring.

"Le système artistique a toujours été ethnocentré et élitiste. En tant qu'institution publique, il est important de pouvoir offrir un autre regard sur l'art", commente Alberta Sessa.