La mission Solar Orbiter, avec un instrument belge, va explorer le Soleil

par
Belga
Temps de lecture 3 min.

Le Soleil ne nous envoie pas seulement sa chaleur et sa lumière, il émet aussi des tempêtes chargées de particules, potentiellement néfastes pour nos télécommunications. Pour mieux comprendre ces turbulences, et mieux s'en protéger, la mission Solar Orbiter, avec un instrument belge à son bord, va partir explorer notre étoile. La sonde de l'Agence spatiale européenne (ESA), s'élancera dimanche soir de Cape Canaveral en Floride, en collaboration avec la Nasa. A son bord: dix instruments scientifiques (209 kilos de charge utile). L'un d'eux est un instrument belge, l'EUI (Extreme Ultraviolet Imager, ndlr.), qui a été conçu au Centre spatial de Liège. Le centre a aussi collaboré à la réalisation de deux autres outils de la sonde. L'EUI doit permettre de prendre des images à haute résolution des zones très chaudes de la couronne solaire.

Après un passage par l'orbite de Vénus puis celle de Mercure, le satellite, dont la vitesse maximale atteindra 245.000 km/h, pourra s'approcher à 42 millions de kilomètres du Soleil, soit moins d'un tiers de la distance Soleil-Terre.

Via cette trajectoire, Solar Orbiter "aura la capacité de regarder le Soleil directement", explique à l'AFP Matthieu Berthomier, chercheur CNRS au laboratoire de physique des plasmas de l'école Polytechnique.

Avec six instruments imageurs (télédétection), la sonde européenne, pourra capter les images de notre Soleil à une distance encore jamais égalée. Et donner à voir, pour la toute première fois, les pôles du Soleil, dont on ne connaît actuellement que les régions équatoriales.

Quatre autres instruments de mesures "in situ" serviront à sonder l'environnement autour du Soleil.

Objectif principal de la mission: "comprendre comment le Soleil crée et contrôle l'héliosphère", la bulle de matière entourant tout le système solaire, résume Anne Pacros, responsable mission et charge utile de l'ESA.

Cette bulle baigne dans un flot permanent de particules, appelé vents solaires.

Ces vents sont parfois perturbés par des tempêtes, provoquées par des éruptions qui éjectent un nuage de champ magnétique et de particules chargées se propageant dans l'espace.

Ces tempêtes sont difficiles à prévoir. Elles ont pourtant un impact direct sur notre planète: lorsque qu'elles viennent frapper la magnétosphère de la Terre, cela provoque de jolies et inoffensives aurores boréales, mais cela peut s'avérer plus dangereux.

Les éruptions peuvent par exemple perturber les radars dans l'espace aérien (comme en 2015 dans le ciel scandinave), les fréquences radio, et endommager des satellites.

"Imaginez la moitié des satellites en orbite détruits, ce serait une catastrophe pour l'humanité ! " selon Matthieu Berthomier. D'où un besoin accru de prédiction météorologique.

La mission dirigée par l'ESA, d'un coût global de 1,5 milliard euros, doit décoller à bord d'une fusée Atlas V 411 depuis le Kennedy Space Center, à 23 heures locales.

Son voyage doit durer deux ans, sa mission scientifique entre 5 et 9 ans.

source: Belga