L'Algarve, refuge des touristes prudents

par
Camille
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"Ici au Portugal, je me sens plus en sécurité qu'à Paris. Les vacances, c'est le bonheur, le calme, il ne faut pas qu'elles virent au cauchemar", souligne Gilles Barboux, expert en communication numérique. Depuis la terrasse ombragée de son hôtel près de Vilamoura, ce golfeur passionné balaie du regard le terrain verdoyant peuplé qui, entrecoupé par des lacs, s'étend sur les 30 hectares du complexe touristique Pestana Vila Sol. "Je ne me vois plus atterrir à Istanbul, j'aurais trop peur", renchérit Christine, son épouse. Auparavant, pendant six ans, ce couple parisien avait foulé les greens des golfs de Belek au sud de la Turquie, pays qui est désormais la cible d'attentats.

Sous un soleil radieux, les deux golfeurs amateurs s'emploient à taper des balles au practice de l'hôtel pour peaufiner leur swing avant de mettre le cap sur la ville pittoresque de Tavira, un peu plus loin à l'est, sur la côte atlantique. Pendant ce temps, les employés du secteur touristique local constatent l'évolution de la situation. "Il y a dix ans, il n'y avait pratiquement pas de touristes français en Algarve. Désormais, on entend parler français partout, que ce soit au restaurant ou au supermarché", relève Pedro Lopes, administrateur régional de Pestana, premier groupe hôtelier portugais. Après des attentats comme celui de l'aéroport d'Istanbul, qui a fait mardi 43 morts, "les touristes ont toujours plus peur et optent pour des destinations qui présentent moins de risques comme le Portugal, l'Espagne ou la Grèce", relève-t-il.

Bastion britannique

À l'instar de son voisin espagnol, le Portugal a battu en 2015 un nouveau record en accueillant 10,2 millions de touristes étrangers, en hausse de 9,7%. Une aubaine pour l'économie de cette région, qui a engrangé plus de 5 milliards€ sur les 11,4 milliards de recettes touristiques enregistrées par l'ensemble du pays. "Les réservations ont grimpé de 12% depuis le début de l'année, en grande partie à cause de l'instabilité qui affecte nos principaux concurrents dans le Maghreb et le bassin méditerranéen", résume le président de l'Association des hôtels de l'Algarve, Elderico Viegas.

Avec ses plages de sable fin surplombées de falaises ocre, cette région touristique est traditionnellement le bastion des Britanniques, qui représentent 40% des visiteurs étrangers. Selon l'Association des agences de voyages britanniques, les réservations pour le Portugal sont en hausse de 29% par rapport à l'été 2015, alors que celles vers la Tunisie et l'Égypte sont en chute libre.

Soleil et prudence

Outre les bars, les touristes aiment se plonger dans la vie balnéaire. Beaucoup se prélassent à la plage, comme celle de Santa Eulalia à Albufeira, ancien village de pêcheurs et désormais haut-lieu du tourisme prisé par les Allemands. Maillot de bain bordeaux, cheveux mouillés, Roswitha Gell vient de se tremper dans une mer encore fraîche. "Le Portugal paraît sûr. Mais nous sommes ici surtout pour le soleil…", raconte cette touriste allemande.

Les professionnels du tourisme en Algarve se gardent pourtant bien d'axer leur promotion sur le thème de la sécurité. Pour Elderico Viegas, "ce serait contre-productif, car nulle part, on n'est à l'abri d'un attentat".