Le Canada et l'Union européenne ont signé le CETA

Le CETA, qui supprimera 99% des droits de douane entre l'UE et Ottawa, entrera en application provisoire et partielle une fois ratifié par le Parlement européen et celui du Canada, dans les prochains mois. Il devra ensuite être approuvé par l'ensemble des Parlements nationaux et régionaux de l'UE pour devenir définitif.
"Quelle patience !", a lancé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, au Premier ministre canadien Justin Trudeau à son arrivée peu après midi au Justus Lipsus, le siège du Conseil de l'UE. "Les choses difficiles sont difficiles, mais on a pu réussir", lui a répondu M. Trudeau. "Bien joué !", a-t-il aussi dit au président du Conseil européen Donald Tusk. A l'extérieur du bâtiment, quelques dizaines de manifestants scandaient des slogans hostiles au CETA et brandissaient des pancartes - "Citoyens avant multinationales" -, au son de tambours. Ils ont aussi lancé de la peinture rouge.
Majorité et opposition belges continent à s'étriller
Les partis francophones de la majorité et de l'opposition se sont à nouveau affrontés dimanche sur les plateaux télévisés à propos de l'accord trouvé jeudi sur le Ceta, en reprenant des arguments déjà échangés.
"Ce que j'ai signé hier, c'était le même texte qui était déjà sur la table il y a des mois", a affirmé le vice-Premier ministre MR et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, lors de l'émission L'Invité sur RTL-TVI. Il reprenait à son compte des propos tenus par le Premier ministre Charles Michel (MR lui aussi), qui avait affirmé à la Chambre que le CETA constitue "une norme de droit international à laquelle nous n'avons pas touché une virgule".
Une version contestée par le PS. Le ministre-président wallon, Paul Magnette, s'est depuis jeudi félicité d'avoir obtenu des modifications au CETA. L'eurodéputée Marie Arena (PS) a cité lors de l'émission A votre avis de la RTBF l'exemple du controversé dispositif de règlement des différends entre investisseurs et pays (ICS), l'un des points inscrits dans le traité europénao-canadien.
"Concernant ces tribunaux privés, les Wallons ont dit: 'Il n'y aura pas de tribunaux privés tant qu'il n'y aura pas deux choses. La compatibilité avec la Cour. Il faut que la Cour (de Justice de l'Union européenne) puisse se prononcer. Et que ces tribunaux deviennent des tribunaux publics avec des magistratures indépendantes, avec des juges salariés'", a-t-elle dit.
"Une victoire de la démocratie"
"C'est d'abord une victoire de la démocratie", a lancé le ministre wallon de l'Economie, Jean-Claude Marcourt (PS), parlant sur RTL-TVI d'"avancées dans ce traité" grâce aux objections des Wallons et des francophones. "Nous ne voulions pas d'un tribunal privé qui favorise les grandes entreprises. Ce ne sera pas le cas. Et (...) nous (la Région wallonne) avons dit que nous ne ratifierions pas s'il n'y avait pas toutes les assurances sur ce tribunal arbitral".
Le coprésident d'Ecolo, Patrick Dupriez, a pour sa part dénoncé sur le plateau de la RBTF "une grosse campagne de com relativement déplacée après l'accord". "Dommage que ça se soit terminé avec une sorte de crash démocratique, dans l'urgence", a-t-il ajouté.
Le député et porte-parole du PTB, Raoul Hedebouw, a quant à lui qualifié la signature du CETA de mauvaise chose. "Le traité n'a pas été beaucoup modifié sur le fond. Il reste comme il est", a-t-il souligné, tout en saluant la résistance du Parlement wallon qui a "été réellement palpable et utile". "Le gros problème avec le CETA, c'est que c'est un traité de libéralisation, a-t-il déploré. Ça va faire que les forts vont devenir de plus en plus forts et les faibles de plus en plus faibles", a ajouté M. Hedebouw