Le Top 10 des films sur la prostitution

Traffic in Souls (1913)

Le plus vieux métier du monde est aussi un des plus vieux thèmes de l'histoire du cinéma. En 1913 déjà, George Loane Tucker réalisa pour Universal Studios, qui venait d'être créée, Traffic In Souls', un film à scandale qui entrerait dans l'histoire en tant que «premier film de sexe». Tucker raconte l'histoire de deux jeunes femmes immigrées qui se retrouvent embarquées dans la prostitution à New York. Apparemment, «Sex sells» était déjà aussi une règle d'or il y a un siècle: le film avait coûté 5.700 dollars, il en rapporta pas moins de 450.000.
The Life of Oharu (1952) (La vie de Oharu, femme galante')

Le maître japonais Kenji Mizoguchi est un spécialiste des films sur la prostitution. Geishas et autres femmes galantes' constituent le fil rouge néon de son uvre. Son inspiration, Mizoguchi la trouva non seulement grâce à ses fréquentes visites aux bordels, mais aussi dans sa propre histoire familiale: lorsque son père fit faillite, celui-ci se vit contraint de confier une de ces filles à l'adoption. Elle fut vendue comme geisha par la suite. Dans ses films, Mizoguchi montre le destin tragique qui attendait généralement les femmes-là. Ainsi The Life of Oharu' retrace la descente aux enfers d'une jeune femme qui vivait à la cour et a fini dans la prostitution.
Le Notti di Cabiria (1957) (Les nuits de Cabiria')

Dans ce film, Federico Fellini confie à sa propre femme, Giulietta Masina, le rôle de la prostituée. Toutes les épouses ne l'apprécieraient pas, mais ce rôle valut tout de même à Masina le Prix de la Meilleure Actrice au Festival de Cannes. Le mari n'eut pas à se plaindre non plus: avec Le Notti di Cabiria', Fellini décrocha son deuxième Oscar du Meilleur Film Etranger. Deux autres suivraient encore par la suite, un record.
Breakfast at Tiffany's (1961) (Diamants sur canapé')

Le film n'est pas vraiment explicite à ce sujet, mais Holly Golightly, le personnage iconique d'Audrey Hepburn, a tout de même beaucoup de la prostituée. Elle se fait entretenir par des hommes riches qui paient pour passer du temps en sa compagnie. Truman Capote, qui a écrit le livre dont le réalisateur Blake Edwards s'est inspiré, décrivait Holly comme une «American geisha»: «Elle n'est pas call-girl, mais si elle en a envie, elle ramène quand même à la maison les hommes qui l'entretiennent».
Belle de Jour (1967)

Luis Buñuel se devait, bien sûr, de figurer dans cette liste. En tant qu'explorateur des désirs humains les plus sombres, il devait s'intéresser, tôt ou tard, au thème de la prostitution. Ce qu'il fit à la fin des années 60, lorsqu'il confia à Catherine Deneuve le rôle de Séverine Serizy: une bourgeoise frustrée sexuellement qui travaille en secret dans une maison close. Buñuel mélange réalité et fantasme (sadomasochiste) et, comme à son habitude, traîne allègrement la bourgeoisie dans la boue.
Midnight Cowboy (1969) (Macadam Cowboy')

Fading Gigolo' (Apprenti Gigolo') n'est pas le premier film sur un homme qui se prostitue, loin de là. En 1969, Jon Voight avait déjà joué un gigolo au chapeau de cowboy' dans Midnight Cowboy'. Le film, à l'époque, avait été classé X en raison de sa composante sexuelle. Dans les années 70, ce rating ne s'appliquait guère plus qu'aux films pornos, ce qui permit à Midnight Cowboy' d'être «reclassé» R. Il n'empêche que ce film avec Dustin Hoffman demeure le seul film classé X à avoir jamais remporté un Oscar du meilleur Film.
Taxi Driver (1976)

Dans les années 70, Martin Scorsese s'intéressa lui aussi au bas-ventre de New York et y trouva l'instable Travis Bickle. Robert De Niro incarne un chauffeur de taxi de plus en plus solitaire qui se sent investi d'une mission: nettoyer les rues de la ville de sa vermine. La jeune Iris (Jodie Foster), une enfant de 12 ans prostituée, représente à ses yeux l'innocence perdue qu'il tente de retrouver par la violence. Foster avait à peine 14 ans lorsque l'Academy lui attribua une première nomination aux Oscars.
Risky Business (1983)

C'est en sous-vêtements et chaussettes blanches que Tom Cruise devint célèbre à 21 ans, grâce à Risky Business'. La scène de karaoké devenue légendaire n'est encore que le début d'une série d'événements catastrophiques qui transformeront le personnage de Cruise: le jeune étudiant appliqué apprend à gérer une maison close. Morale de l'histoire: fréquenter des prostituées et des maquereaux est risqué, mais cela peut être un ticket d'entrée pour l'université de Princeton.
Pretty Woman (1990)

Sans aucun doute le film sur la prostitution le plus populaire de tous les temps. Des dizaines de millions de personnes ont vu, au printemps 1990, l'homme d'affaires Richard Gere tomber amoureux fou de l'escort girl Julia Roberts. La chanson de Roy Orbison fit le reste. Gere déclare entre-temps avoir pour ainsi dire oublié Pretty Woman', mais aux USA, le film demeure jusqu'à ce jour la comédie romantique la plus vue. Sex definitely sells!
Monster (2003)

Au cinéma, les putes sont souvent dépeintes comme des victimes d'hommes monstrueux. Mais dans cette histoire vraie, le titre s'applique tout autant au personnage principal, une prostituée déséquilibrée. L'Américaine Aileen Wuornos assassina six de ses clients et le film montre comment elle en est arrivée là. L'actrice principale Charlize Theron subit une incroyable métamorphose physique pour ce film, mais heureusement l'Academy la reconnut encore: elle reçut un Oscar pour son interprétation terrifiante.
Lieven Trio
@l_trio
Lire la critique de 'Fading Gigolo' dans le Metro de ce mercredi.
Photo: Ph. Ascot ElitePh. Ascot Elite