À l'école pour devenir clown hospitalier

À 44 ans, Stéphanie apprend à devenir clown. à l'hôpital. Un «vrai métier» promu depuis 25 ans par l'association le Rire médecin, dont la formation a été reconnue l'été dernier par l'État français.
par
Gaetan
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Robe de tulle blanche, couette en palmier sur la tête et visage peinturluré, Stéphanie Lassus-Debat laisse place à Gloum, son personnage, pour rendre visite aux enfants hospitalisés à Necker, à Paris. À ses côtés, Sarah Gautré, alias Tina Trompette, a, elle, mis son nez rouge et son bonnet de water-polo pour rejoindre le service de pédiatrie générale, guitare au bras. Les clowns savent que les enfants qu'ils visitent souffrent. Les soignants les informent avant chacune de leurs interventions sur la pathologie et l'état mental des jeunes patients qu'ils sont venus réconforter, ce qui leur permet d'adapter leur jeu à chacun.

aptitudes variées

Tous les lundis et mardis, les clowns appliquent «sur le terrain» les leçons apprises le reste de la semaine à l'Institut de formation du Rire médecin. Techniques artistiques, comme l'improvisation ou le chant, mais aussi spécificités de l'univers hospitalier et de la collaboration avec les soignants sont depuis 2011 au cœur d'un cursus intensif de cinq mois, suivi chaque année par une dizaine de comédiens retenus sur une cinquantaine de dossiers.

«Il faut des compétences bien définies pour être un clown à l'hôpital», affirme Caroline Simonds, la fondatrice du Rire médecin à l'origine du projet. Preuve qu'il s'agit d'un «métier à part entière», le diplôme de «comédien(ne) clown en établissements de soins» délivré par l'institut a été inscrit l'année dernière au répertoire national français des certifications professionnelles, une «grande reconnaissance», se réjouit-elle. De quoi favoriser l'essaimage de clowns qualifiés qui lui tient tant à cœur.

Cours financés

Rarement employés par le Rire médecin, les diplômés sont invités à monter leur propre projet ou à faire les pitres au-delà de la quinzaine d'établissements déjà investie par l'association. Pour continuer de payer ses intervenants, le Rire médecin, qui repose sur les dons, va augmenter le tarif de sa formation l'année prochaine, de 8.500 à 12.000 €, selon sa responsable Bénédicte Hochet. Des frais souvent pris en charge par Pôle emploi ou l'Afdas (fond d'assurance formation des secteurs de la culture).

Stéphanie bénéficie, elle, d'un droit à la formation financé par son employeur. Rompue au jeu clownesque depuis onze ans, c'est parce qu'elle «aime apporter du soutien aux gens» qu'elle est revenue sur les bancs de l'école. «Cela donne une mission à mon clown», confie-t-elle.