Les petites annonces de rencontres, du papier au web

Hier dans les journaux, aujourd'hui sur le web, les petites annonces de rencontres ont marqué l'histoire des relations humaines. Dans «Une vie à séduire», Bernard Hennebert revient sur les évolutions de ce médium qui lui a offert de belles histoires mais aussi de délicates pages d'écriture.
Il est loin le temps où le supplément «Sandwich» de Libération publiait ses longues petites annonces. Aujourd'hui, en quelques clics, des milliers de profils se bousculent sur l'écran. Mais le résultat n'a pas changé: la réunion de deux âmes en recherche d'affection.Depuis la fin de son adolescence, jusqu'à aujourd'hui, Bernard Hennebert fait des rencontres, celles qui commencent par quelques lignes dans les journaux ou sur les sites. Dans les années 70, il fut un «résident permanent» de ce cahier encarté dans le quotidien français, qui a marqué les esprits avec son libertaire et ses annonces pour prisonniers.
Le jeune homme s'y est alors démarqué par un soin particulier apporté à la rédaction de véritables feuilletons épistolaires. «Je transgressais les petites annonces à l'époque. Elles pouvaient être longues parce que gratuites», nous explique l'auteur d'«Une vie à séduire», un retour sans tabou sur ces relations. «Une fois qu'elles étaient payantes, le libéralisme s'en est mêlé et chaque syllabe était facturée. Je voulais faire un véritable feuilleton en signant À suivre '. J'y racontais ce qui m'arrivait dans mes précédentes rencontres. Je me suis rendu compte que des lecteurs cherchaient ma signature.»
Dans son ouvrage, Bernard Hennebert revient sur les histoires marquantes de ses presque 40 années d'écritures et de rencontres masculines.Celui qu'on connaît pour ses nombreux combats pour une RTBF de qualité et pour une véritable démocratie culturelle veut par son livre démontrer que petites annonces ne riment pas forcément avec désert sentimental ou déviance affective. Aujourd'hui, la rencontre par média interposé s'est banalisée. Et si les défenseurs des droits des homosexuels s'emparent aujourd'hui de son livre, Bernard Hennebert avoue n'avoir pas voulu en faire un livre militant, préférant qualifier son acte d'écriture d'éducation permanente.
Point de voyeurisme, juste la délicatesse des mots qui ont suscité souvent des moments tendres communiqués avec l'accord de leurs acteurs. «C'est parce que j'ai constaté une évolution que j'ai publié le bouquin. Faire une autobiographie intime ne m'intéressait pas.» Des journées à patienter les réponses à l'immédiateté de la réponse en ligne, Bernard Hennebert y voit certainement du changement mais refuse de tomber dans le «c'était mieux avant». N'y a-t-il pas toutefois moins de mystère aujourd'hui avec les échanges rapides sur internet ? L'inconnu qui se cachait derrière ses lettres n'a-t-il pas disparu? «Le mystère s'est déplacé. Auparavant, il entourait l'aspect physique de la personne. Maintenant, le physique est ce qui apparaît en premier, le mystère réside dans la personnalité de l'autre.»
Au-delà du livre
L'auteur a voulu partager ses expériences avec le public mais laisse aussi des artistes s'emparer de ses anecdotes et de ses histoires. Pendant trois jours dès ce vendredi 19h30, une ancienne quincaillerie ixelloise (66, rue du Viaduc) accueillera l'exposition «Sensualités» réunissant photos et uvres plastiques. Le livre de Bernard Hennebert a ainsi inspiré le photographe Didier Seynave pour des mises en scène sensuelles (photo). Le comédien François Binon lira des extraits d'«Une vie à séduire».