L'humusation, une manière de tirer sa révérence de manière durable

Un collectif d'experts en écologie œuvre pour légaliser le principe «d'humusation» des dépouilles en Belgique. Le corps serait placé dans une sorte de super compost, qui nourrirait la Terre comme elle nous a nourris pendant toute notre vie. Un concept très écologique… et économique!
par
Maite
Temps de lecture 3 min.

Le but de la Fondation Métamorphose est d'aider à une future légalisation du procédé. La Région wallonne n'est pas contraire par exemple, mais demande des garanties que cela se fasse dans de bonnes conditions. Ce qui, si tout va bien, se fera grâce aux équipes universitaires de l'UCL, comme l'explique Guy Basyn, le Président de la Fondation: «Nous avons réussi à convaincre l'UCL de nous aider à expérimenter la technique. Si le comité d'éthique accepte, alors quelques-uns des corps donnés à la science pourront servir à tester notre procédé.»

En pratique

Dans un «jardin-forêt de la métamorphose», se trouveraient d'immenses tas de matière organique (composée de bois d'élagage entre autres…). Dans le cadre d'une cérémonie, on viendrait y déposer le corps, qu'on recouvrirait de 20 cm de ce mélange et de paille pour le garder au chaud. En probablement trois mois (des tests ont été faits sur de gros animaux), il ne resterait que de jolis os bien nettoyés… et éventuellement un «pacemaker"! La famille récupérerait une quantité de ce «humus» qui ressemble à ce que l'on peut trouver au sol dans les sous-bois, avec une graine d'arbre plantée dedans. Un arbre qui constituerait un joli monument naturel pour s'y recueillir ensuite..

Incinération = pollution

Il y a plus de 60.000 incinérations par an en Belgique. «Et pour chacune, 50 m³ de gaz, donc une quantité astronomique d'énergie gaspillée pour consumer entièrement et rapidement le corps. Et on obtient des cendres bourrées de dioxines nées de cette combustion qui se retrouvent la plupart du temps dans les nappes phréatiques. C'est absurde, non?», développe Guy Basyn. En 2015, 56 millions de personnes sont décédées dans le monde. Une bonne partie a été incinérée avec une empreinte écologique immense.

«L'inhumation? Absurde»

L'inhumation est tout aussi absurde, pointe Guy Basyn: «Le corps enterré à plusieurs mètres sous terre ne se décompose pas puisque les micro-organismes se trouvent dans les 30 premiers centimètres sous la surface. Plus profond, il ne fait que se putréfier. De nouveau, ce n'est pas écologique puisque nos corps sont aujourd'hui bourrés de produits chimiques. Et cela coûte à la société puisqu'il faut régulièrement sortir des corps pour faire de la place dans les cimetières. Et ce boulot de sortir ces corps, littéralement pourris, est tellement horrible que les fossoyeurs ont droit à quatre jours de congé pour un jour de travail. Tout cela n'est pas digne de l'être humain», affirme ce spécialiste en permaculture (le fait de cultiver sans intrants chimiques et en s'appuyant sur la biodynamie).

Une première mondiale

Si le procédé d'humusation est légalisé en Belgique, ce serait une première mondiale. Si nulle part cela n'est encore possible, officiellement en tout cas, c'est d'après Guy Basyn une histoire de frein psychologique. «Les gens préfèrent la violence d'une incinération ou croupir dans le caveau familial ou dans un cercueil, je peux le comprendre car c'est culturel, mais moi je veux que ma dépouille disparaisse de manière douce et surtout constructive. Donner la vie après la mort, en nourrissant la Terre, c'est ce qu'il y a de plus logique.» Par ailleurs, ce procédé pourrait éviter à bien de familles de s'endetter pour payer un beau cercueil ou une crémation.