Réchauffement climatique: il faudrait interdire la vente de voitures à carburants fossiles d'ici 2028
L'organisation se fonde sur les conclusions d'un rapport du Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique (DLR). Celui-ci a évalué l'évolution du parc automobile au sein de l'Union européenne, la Suisse et la Norvège (UE28+2) en vue d'atteindre l'objectif de l'Accord de Paris de contenir le réchauffement global à 1,5°C.
L'institut allemand utilise le concept de "budget carbone" associé à plusieurs scénarios. Il s'agit d'une certaine "quantité" de CO2 que l'homme peut encore émettre s'il veut avoir une chance relativement élevée (50% ou 66%, selon les scénarios) de rester dans la trajectoire fixée par l'Accord de Paris. Le pacte, conclu fin 2015, vise à maintenir l'élévation des températures "bien en dessous de 2°C" par rapport aux niveaux pré-industriels, mais précise qu'il faut "mener des efforts encore plus poussés pour limiter l'augmentation à 1,5°C", une limite "considérablement plus sûre contre les pires impacts du changement climatique".
L'automobile pointée du doigt
Si l'on considère les émissions de gaz à effet de serre (dont le CO2) - qui contribuent au réchauffement global - le transport automobile est rapidement pointé du doigt. Durant la dernière décennie, les véhicules privés ont généré de 13 à 15% du total des émissions de CO2 sur le territoire de l'"UE28+2", selon le rapport. Ils représentent plus de la moitié des émissions de dioxyde de carbone (CO2) émises par le secteur du transport.
En 2015, 259 millions de voitures étaient en circulation dans l'Union européenne, en Suisse et en Norvège, dont une part importante (18%) en Allemagne. "Or, plus de 97% de ces voitures roulent au pétrole ou au diesel, une flotte qu'il faut drastiquement décarboner si l'on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement", souligne le rapport.
Des "mesures fortes"
Dans le scénario d'une probabilité de 66% de ne pas dépasser une hausse des températures de 1,5°C, le "budget carbone" pour le secteur du transport privé a été estimé à 3,6 gigatonnes. Dans cette perspective, "le dernier véhicule contenant un moteur à combustion est vendu en 2028, tandis que le marché décline de 50% jusqu'à 2022". Dans le même temps, des "mesures fortes" seraient prises pour réduire la flotte polluante en circulation, si bien que dès le milieu des années 2040, plus aucune voiture au diesel ou à l'essence ne roulerait en Europe. A noter que même dans cette éventualité, le total des émissions du transport privé dépasserait un peu le "budget carbone" de 3,6 gigatonnes calculé pour ce secteur.
Le rôle "majeur" des gouvernements
"La disparition de toutes ces voitures à moteur à combustion ne profitera pas seulement au climat, elle contribuera également à améliorer la qualité de l'air et la qualité de vie dans les villes et au-delà", souligne jeudi Joeri Thijs, expert en mobilité et qualité de l'air chez Greenpeace. "Notre gouvernement fédéral doit, dès cette législature, déterminer la date et la manière d'abandonner les véhicules diesel d'abord, et essence ensuite", poursuit-il.
L'organisation note par ailleurs que remplacer chaque voiture par un véhicule électrique n'est pas non plus tenable: le nombre de voitures particulières doit être drastiquement réduit. "Ici aussi, nos gouvernements ont un rôle majeur à jouer", en mettant tout en oeuvre pour "stimuler le partage de véhicules, investir dans des pistes cyclables et pédestres et renforcer le fonctionnement des transports en commun", conclut Joeri Thijs.