Réouverture de l'horeca : au final, l'addition sera plus salée pour les clients

Pour soutenir l'horeca durant la reprise, le gouvernement a annoncé une réduction temporaire de la TVA à 6% sur tous les repas et boissons, alcool inclus. Objectif de la mesure : encourager les clients à consommer davantage dès la réouverture du secteur, le 8 mai pour les terrasses. Or, ce coup de pouce pourrait ne pas bénéficier aux clients. Lorsque les taux de TVA reviendront à la normale, ils risquent d'avoir une mauvaise surprise en recevant l'addition.
par
oriane.renette
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À crise exceptionnelle, mesures inédites. Pour favoriser la relance, les restaurateurs et cafetiers bénéficieront, jusque fin septembre, d'une baisse de la TVA à un taux unique de 6% lors de la reprise de l'horeca.

Or, cette mesure d'aide pourrait au final désavantager les clients, pointent les titres de Sudpresse ce lundi. Après avoir observé des expériences similaires à l'étranger, deux économistes estiment que, lorsque la TVA reviendra à son niveau d'origine (21% pour les boissons alcoolisées et 12% pour les repas), les prix risquent de grimper pour le consommateur.

« La baisse de TVA va moins impacter les prix que lorsqu'elle remontera », explique à Sudinfo Jean Hindriks, professeur d'économie à l'UCLouvain, tout en soulignant qu'il ne critique pas la mesure, vitale pour certains établissements horeca.

Un prix final augmenté

Une mesure similaire avait été adoptée par le passé en France, si ce n'est que les restaurateurs avaient l'obligation de baisser les prix pour le consommateur. Après analyse de la situation chez nos voisins français, le constat est sans appel : « la baisse de la TVA a principalement profité aux restaurateurs », explique le professeur Hindriks. « Les restaurants ont capté 40 % des gains réalisés. Les salariés ont bénéficié de 25 % de la baisse. Les fournisseurs ont capté 15 % des gains. Quant aux clients, ils n'ont profité que de 20 % des gains enregistrés. Concrètement, cela représente une baisse du prix du plat de… 2.8 %. »

Par ailleurs, lorsque les taux de TVA sont repartis à la hausse, ce sont les portefeuilles des consommateurs qui ont été les plus impactés. Pour la première hausse, 50 % ont été absorbés par les clients (38 % pour la seconde).

En France, « les restaurateurs ont augmenté leurs prix, à la suite de la hausse de TVA, deux à trois fois plus qu'ils ne les ont réduits pour la baisse de TVA », explique M. Hindriks. « Concrètement, cela implique pour la Belgique qu'une baisse de la TVA de 21 % à 6 % suivie d'un retour à 21 % se traduirait par une baisse du prix de 3 % suivie d'une hausse de 7,5 %. Soit, au final, une hausse du prix de 4.5 %. »

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