Sexe, violence et apéro : le vice finlandais dû à la mutation d'un gène ?

par
ThomasW
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Nature ou culture? L'image rebattue du Finlandais alcoolisé, dépravé et agressif participe souvent dans les mauvais précis d'histoire de vieilles moeurs guerrières, presque primitives. La science, elle, accuse une mutation génétique qui touche un peu plus de deux Finlandais sur 100. Une équipe de chercheurs à l'université d'Helsinki a ainsi publié dans le journal Translational Psychiatry une étude montrant que 2,2% des Finlandais étaient porteurs d'une mutation du récepteur 2B de la sérotonine, un neurotransmetteur, soupçonnée de leur faire bouillir le sang.

Et "quand ces personnes consomment de l'alcool, leur prédisposition partiellement latente à l'impulsivité est davantage susceptible de s'exprimer", analyse Roope Tikkanen, docteur en psychiatrie interrogé par l'AFP. Pour le moment, l'anomalie n'est démontrée qu'au sein de la population finlandaise, où ils seraient 100.000 à être touchés. Elle a été détectée pour la première fois en 2010 en étudiant des délinquants violents et alcooliques. "En pratique, ces personnes sont plus susceptibles que la moyenne de se bagarrer, d'avoir des relations sexuelles impulsives, jeter leur argent par les fenêtres et conduire en état d'ivresse", affirme M. Tikkanen.

Qu'il s'agisse d'accès de violence ou de désir charnel, les propriétés désinhibantes de l'alcool sont bien connues. Mais selon les données du ministère finlandais de la Justice, son rôle dans les homicides (80%) et les agressions (70%) est beaucoup plus marqué que dans d'autres pays comparables.

La sérotonine, un neurotransmetteur, joue un rôle important dans plusieurs fonctions physiologiques comme le sommeil, l'agressivité, les comportements alimentaires et sexuels et la dépression. L'isolement relatif du pays longtemps fermé à l'immigration peut expliquer qu'il présente encore aujourd'hui une palette de profils génétiques peu diversifiée, ce qui a facilité l'identification de la mutation en question.

L'étude, qui a été menée sur un échantillon représentatif de 200 personnes, a également mis en évidence une propension plus grande des sujets concernés à l'impulsivité sans même avoir ingurgité de l'alcool. Quoique amateurs de bière et de vodka, les Finlandais ne boivent pas plus que leurs voisins d'Europe occidentale, selon les dernières comparaisons statistiques disponibles.