Trente ans de Tchernobyl : Entre compétitivité et exigences de sûreté

par
Maite
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Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl et alors que Groen révélait de sérieux dysfonctionnements au sein du gendarme du secteur nucléaire, la question du défi de la sûreté et de la compétitivité dans le secteur nucléaire est posée.

«Sur la lancée (des années) 2006-2010, on prévoyait une croissance assez musclée, 2011 nous a un peu replacés dans le brouillard. On n'en est pas encore tout à fait sorti mais il y a des signes, comme tous les nouveaux pays qui veulent faire du nucléaire», décrit Bertrand Barré, un ancien haut cadre d'Areva.

Un secteur en croissance

Actuellement, près de 400 réacteurs sont en opération dans 31 pays. Soixante-cinq sont en construction, dont plus du tiers en Chine, et 173 autres sont planifiés d'ici 2030, avec une dizaine de pays néo-accédants, selon les données de la World Nuclear Association (WNA).

L'Agence internationale de l'énergie estime que la part de l'atome dans la production électrique passera de 11% aujourd'hui à 18% en 2050, soit un investissement attendu de 4.400 milliards $. Cette croissance se fera surtout dans les pays émergents, dont les besoins en électricité sont croissants, et qui sont intéressés par cette technologie fournissant d'importantes quantités de courant.

Une Europe «frileuse»

Dans ce paysage, l'Europe, déjà bien équipée, est devenue «beaucoup plus frileuse», reconnaît Jean-Jacques Gautrot, vice-président de la WNA. L'impact de Fukushima s'est senti «en Allemagne, avec l'arrêt définitif de huit réacteurs. En France c'est à cette époque-là qu'il y a eu l'engagement de réduire la part du nucléaire», décrit Cyrille Cormier, porte-parole de Greenpeace France.

La question de la sûreté est aussi revenue sur le devant de la scène, avec de nouvelles contraintes imposées par les autorités. «Les Chinois ont décidé que tous leurs nouveaux projets lancés seraient des (réacteurs de) génération 3», comme l'EPR français, l'AP1000 de Westinghouse (groupe Toshiba), indique M. Barré. Sauf que pour l'instant, la quasi-totalité des chantiers en cours sur ces réacteurs ont pris du retard et enregistrent pour certains d'importants surcoûts, dépassant parfois les 10 milliards €. Au point de faire douter de leur pertinence dans un contexte énergétique qui a beaucoup changé, avec un prix très bas des énergies fossiles et de l'électricité en Europe, qui ne facilitent pas le financement de nouveaux réacteurs.

À cela s'ajoute la réduction sensible des coûts des énergies renouvelables (éolien, solaire), autres sources d'électricité peu émettrices de CO2. «Le choix d'investir dans le nucléaire n'est pas du tout évident car en face on a des moyens vraiment pas chers et qui ont montré leur fiabilité, donc il y a des hésitations d'un certain nombre de pays», explique Cyrille Cormier.

Ph. AFP / Ph. Merle