Un ado sur deux estime passer trop de temps sur son smartphone

Cinquante-et-un pourcent des adolescents de l'enseignement secondaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) estiment passer trop de temps sur leur smartphone, ressort-il de l'enquête #Génération2020, qui traite des pratiques numériques des jeunes et dont les conclusions ont été présentées mercredi à Bruxelles. Près de six jeunes sur 10 (59%) utilisent leur compagnon de poche au moins quatre heure par jour.
par
oriane.renette
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Les écrans, tout comme chez les adultes, font partie intégrante de la vie des jeunes. Ainsi, 94% des ados en secondaire possèdent un smartphone. Ils sont 56% en primaire (87% en sixième année) et, dans cette tranche, 42% de ceux qui n'ont qu'un accès à cet appareil sans le posséder l'utilisent tout de même plus d'une heure par jour.

Une journée sans ? Quasi impensable

Cependant, cette utilisation intensive des écrans n'est pas sans impact sur la vie quotidienne des adolescents: trois sur quatre déclarent vérifier parfois leur téléphone sans raison, tandis que 47% ne s'imaginent pas passer une journée sans lui, notamment car ils se sentent mieux informés (68%) et plus connectés à leurs amis (59%). Seuls 37% affirment vouloir passer moins de temps sur leur écran portable.

En primaire, 66% des sondés s'attendent à ressentir un «certain manque» s'ils étaient privés de smartphone ne serait-ce que pendant une journée, alors que 56% estiment qu'ils utilisent cet appareil «avec excès».

En tête des activités dédiées à ce temps passé par les enfants en ligne: les jeux, la consommation de contenus audiovisuels et les réseaux sociaux. Plus de neuf élèves de primaire sur 10 déclarent se connecter pour jouer à des jeux, alors qu'au moins sept sur 10 le font pour écouter de la musique (73%) ou regarder des vidéos (83%). Chez les élèves du secondaire, YouTube et Instagram sont rois, avec au moins une utilisation par semaine chez respectivement 88% et 80% des répondants.

Plusieurs risques

Ce temps passé en ligne, souvent sans surveillance, n'est lui non plus pas sans risque: 11% des répondants de l'école primaire disent avoir déjà souffert d'une agression en ligne - 13% ont préféré ne pas répondre - et 17% affirment avoir déjà parlé à des inconnus. Ils sont autant à avoir déjà menti sur leur nom et la même proportion a déjà menti sur leur âge. Plus inquiétant: 16% ont déjà reçu une ou plusieurs fois des photos «sexy» envoyées par la personne représentée dessus, mais 10% ont déjà reçu de telles photos sans que le sujet de l'image ne soit au courant.

Chez les ados, les soucis en ligne peuvent être plus graves, mais relativement peu fréquents: sur les 13% des sondés ayant déjà fait face à des problèmes en ligne, 31% affirment avoir déjà été menacés, dans six cas sur 10 par des gens qu'ils «connaissent bien». Près d'un quart (24%) a déjà été victime de messages désobligeants postés en public à son encontre et 52% ont déjà reçu des «messages méchants ou blessants». Tout ceci n'empêche pas, pour quatre victimes sur cinq, de trouver des personnes (amis, tuteurs, famille) avec qui discuter de ces problèmes.

Parmi les autres thématiques traversées par cette étude, le rapport à l'actualité livre aussi quelques chiffres: 40% des élèves de primaire interrogés affirment regarder des chaînes de télévision d'information traditionnelles, mais seuls 20% suivent des émissions spécialisées telles que les Niouzz ou Arte junior. Viennent ensuite comme sources d'information: la radio (37%), Google (19%), des sites web (19%) et journaux (14%) dédiés aux jeunes et les réseaux sociaux (11%). Près d'un quart des jeunes (24%) affirme tout de même ne faire aucune recherche sur l'actualité.

L'éducation aux médias, une priorité

L'enquête #Génération2020 a été menée par l'ASBL Média Animation et le Conseil supérieur de l'éducation aux médias de la FWB (CSEM). Ses résultats ont été présentés mercredi en présence de la ministre francophone de l'Enfance et des Médias, Bénédicte Linard.

Menée pour la première fois en FWB, l'enquête a été réalisée de septembre à décembre 2019 auprès de 2.142 élèves de l'enseignement primaire et secondaire de la FWB.

«Cette étude est un pas important dans la connaissance que nous avons des pratiques des jeunes», a affirmé Bénédicte Lindard, qui souhaite, sur cette base, que l'éducation aux médias prenne une place «bien plus importante chez les jeunes et les moins jeunes». «Nous travaillons depuis plusieurs mois avec des acteurs de terrain et des médias dont la RTBF pour un plan d'éducation aux médias pour les quatre prochaines années. J'entends en faire un enjeu majeur», a conclu la ministre.