Un zoo français vous propose de passer une nuit auprès d'un ours polaire

par
ThomasW
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"La seule chose qu'on ne peut pas garantir, c'est qu'il va venir vous voir..." Il, c'est Taïko, un ours polaire qui partage chaque nuit son vaste enclos avec des visiteurs du zoo français de la Flèche (ouest), installés bien au chaud jusqu'à l'aube pour guetter ses apparitions. Lancée en octobre, la "nuit chez l'ours" -- plus exactement dans un chalet trois étoiles dont les immenses baies vitrées donnent directement sur l'enclos du plantigrade -- fait fureur: le chalet pour six personnes affiche complet jusqu'à fin 2015, y compris en semaine, malgré son prix (200 euros minimum par adulte).

La recette illustre la nouvelle stratégie des parcs animaliers français, qui multiplient les hébergements au milieu des bêtes afin de fidéliser les visiteurs et assurer leur avenir. Le Zoo de La Flèche joue, lui, résolument, la carte du haut de gamme, avec un "lodge" tout en bois à l'ameublement très soigné, un feu dans la cheminée et un jacuzzi sur la terrasse. En contrebas, la "suite parentale" s'ouvre sous le bassin de Taïko et de sa congénère Katinka, que l'on peut voir nager derrière une vitre sans quitter son lit. Champagne et dîner gastronomique sont en option.

"L'idée, c'est que les visiteurs se sentent dans un cocon hors du temps, en immersion totale au milieu des animaux", explique le propriétaire du zoo, Stéphane Da Cunha. La nuit est ponctuée par les hurlements des loups arctiques et divers rugissements. Le zoo de la Flèche, qui date de 1946, était en perte de vitesse lorsqu'un premier lodge a été ouvert en 2013, relançant la fréquentation. Le parc en compte désormais huit, répartis entre les loups, les tigres et autres lémuriens, avec à chaque fois un décor qui correspond à l'environnement des animaux en question. Six autres chalets doivent ouvrir d'ici 2016, avant "un grand projet de savane africaine", avec un complexe hôtelier permettant d'accueillir également la clientèle d'affaires. L'investissement dans les lodges (plus de 300.000 euros pour celui de l'ours, le plus luxueux) devrait être rentabilisé "en quelques années" grâce à un taux de remplissage de 100%, prévoit M. Da Cunha.

Un peu partout dans le monde, d'autres zoos multiplient les hébergements. En effet, face à un "public zappeur" en quête constante de nouveauté, les parcs zoologiques n'ont pas d'autre choix que de se renouveler en permanence, observe Sophie Huberson, déléguée générale du Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (Snelac). Tous les zoos qui ont créé des hébergements insolites ont vu leur fréquentation augmenter, observe Mme Huberson, qui prédit que "tous vont se mettre à ce modèle qui permet de dégager de la capacité d'investissement". "Ceux qui n'évoluent pas vont voir leur fréquentation s'éroder", prévoit-elle. L'objectif des zoos est d'allonger la durée de visite, afin d'amener les visiteurs à se nourrir sur place et acheter des produits dérivés, et aussi de leur donner envie de revenir. A terme, le modèle économique va s'apparenter à celui des parcs de loisirs, selon Mme Huberson.