Zoothérapie: les charlatans prolifèrent et les impostures se multiplient

Des chiens, des lapins, des poules, des chevaux, des dauphins la zoothérapie gagne progressivement ses lettres de noblesse aux quatre coins du globe. Les animaux s'invitent au cur des thérapies de plusieurs spécialistes de la santé qui vantent leurs qualités apaisantes et louent leurs compétences de facilitateurs relationnels entre le thérapeute et le patient.
«À leur contact, notre ocytocine (hormone de l'amour) augmente quand notre cortisol (hormone du stress) diminue», précise à Test-Achats le professeur en anthropozoologie Theo Verheggen qui pense que les bêtes offrent un cadre favorable à l'observance de la thérapie. Outre cette atmosphère propice, les animaux sont aussi utilisés lors d'exercices ciblés (équilibre, coordination) pour l'obtention de résultats précis (physiques ou psychologiques).

Médicament pour tous?
Actuellement, la littérature scientifique entourant ces pratiques est lacunaire tandis que leurs bienfaits n'ont pas encore été prouvés empiriquement, «la faute à des méthodologies qui présentent des failles» selon le chercheur Verheggen.
Désormais officiellement décrite sous l'appellation «Thérapie assistée par l'animal (TAA)» -explique la psychologue Lieve Meers de l'institut belge qui est dédié (BIAAT), la médiation animale séduit aussi des hôpitaux universitaires en Belgique, à l'instar du centre de revalidation infantile de l'UZ de Gand et l'UZ de Bruxelles. De son côté, le docteur Meers plaide pour une approche personnalisée, «la zoothérapie ne convenant pas à tout le monde».
Gare aux impostures
En Belgique, aucune formation spécifique n'encadre l'assistance animale aux personnes, laissant proliférer des charlatans qui s'autoproclament «experts» ou «coaches» pour dispenser ce type de traitement. Ces impostures promettant des animaux qu'ils «refléteront les émotions» ou «scanneront les motivations inconscientes» s'avèrent au final dangereuses tant pour des bêtes mises à contribution sans entraînement que pour les patients.
Encore en pleine phase expérimentale, ces pratiques émergentes ont un bel avenir en milieu hospitalier. Reste à entreprendre des études sérieuses en la matière pour fournir un cadre juridique et scientifique à ces méthodes pour qu'elles ne battent pas de l'aile, préconise la société de défense des consommateurs.
Gaëtan Gras