Qu’est-ce que l’intelligence organoïde, encore plus puissante que l’IA et ChatGPT?

Vous êtes déjà bluffé par les prouesses de ChatGPT et des nouvelles formes d’intelligence artificielle? Vous n’avez encore rien vu. Prochaine étape: l’intelligence organoïde, une forme d’intelligence encore plus forte et plus efficace qui pourrait bien tout bouleverser.

par
Oriane Renette
Temps de lecture 5 min.

L’intelligence artificielle n’a pas fini de nous surprendre. Et pourtant, les chercheurs pensent d’ores et déjà à la suite. Une équipe de scientifiques américains envisage de mettre au point des «bio-ordinateurs», fabriqués à partir… de cellules humaines cultivées en laboratoire.

Cette technologie porte déjà un nom: l’intelligence organoïde (IO). Celle-ci a fait l’objet d’une première étude scientifique, relayée dans le magazine Frontiers in Science.

Comment ça marche?

«Compte tenu de sa taille, le cerveau a une puissance de calcul tout simplement inégalée. À titre de comparaison, ce n’est qu’en 2022 qu’un supercalculateur a finalement dépassé la puissance de calcul d’un seul cerveau humain. Mais il a coûté 600 millions $ et occupe 680 m2, soit deux fois la superficie d’un court de tennis», soulève Thomas Hartung de l’université John Hopkins (JHU, Baltimore) et auteur principal de l’étude.

Mais comment relier cerveau humain et IA? Grâce aux organoïdes.

Un organoïde, c’est une version miniature et simplifiée d’un organe, qui reproduit sa structure et son fonctionnement. Fabriqué en laboratoire en trois dimensions, il est dérivé des cellules-souches.

L’idée de Thomas Hartung et de son équipe est donc que les organoïdes cérébraux alimenteraient «en intelligence» (c’est-à-dire en reproduisant les fonctions cognitives telles que l’apprentissage ou le traitement sensoriel) les ordinateurs et aux objets connectés du futur.

Dans ces bio-ordinateurs, ce serait donc des cellules humaines qui remplaceraient les puces qu’on utilise aujourd’hui. Le tout pour une interface complexe qui rendrait obsolète ChatGPT et consorts.

Quels avantages?

Le terme «intelligence organoïde» (IO) englobe donc l’ensemble de ces développements pour aboutir à une forme d’informatique biologique qui exploite des neurones élevés en laboratoire. Dans l’absolu, cette technologie s’annonce bien plus puissante et efficace que n’importe quelle intelligence artificielle. L’IO présenterait deux avantages majeurs sur l’intelligence artificielle telle qu’on la connaît aujourd’hui. D’une part, sa vitesse d’exécution. D’autre part, sa consommation énergétique. Le gain serait énorme puisque les besoins énergétiques de l’IO seraient proches de ceux d’un cerveau humain: l’IO consommerait 20 watts pour une puissance de calcul d’environ un exaFlop [un milliard de milliards d’opérations par seconde] soit… un million de fois plus efficace que nos machines modernes. [le supercalculateur le plus puissant, Frontier, consomme 21 MW pour atteindre le 1,1 exaFlop.]

Pour faire quoi?

Quelles applications concrètes pourront bien nous offrir cette intelligence organoïde? À ce stade, c’est encore un peu flou. «Nous sommes encore loin d’imaginer tout le plein potentiel de l’IO», reconnaît Thomas Hartung. «Lorsqu’elle deviendra un véritable outil, ce sera très différent de ces premiers pas de bébé que nous faisons maintenant. L’important est que nous avons maintenant un point de départ.»

Selon le professeur, l’IO pourrait surtout amener la recherche à un autre niveau, en particulier dans trois domaines: la neuroscience, la pharmacologie et l’informatique. Grâce à elle, on pourrait en apprendre plus que jamais sur le cerveau humain, et ce sans passer par des tests sur des animaux.

Pour quand?

Si nombre de questions se posent encore, une chose est sûre: il faudra instaurer des règles et balises éthiques pour encadrer ces nouvelles technologies.

Cela dit, ces bio-ordinateurs ne sont pas près d’envahir notre quotidien. Thomas Hartung estime qu’il faudrait encore quelques décennies avant que le premier puisse voir le jour. Même si l’IO est encore à ses premiers balbutiements, des travaux antérieurs montrent que ce projet est bel et bien possible. Par exemple, une équipe de scientifiques a récemment appris à des cellules cérébrales élevées in vitro à… jouer au jeu vidéo Pong.

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