Evil Dead Rise sort aujourd’hui: «Ce film est un hurlement atroce en pleine figure»

‘Evil Dead Rise’ sort en salles aujourd’hui. À cette occasion, Metro a rencontré Lee Cronin, le réalisateur du film.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Cela a pris du temps, mais les Deadites, les démons de la série ‘Evil Dead’, ont désormais atteint la ville. Dans ‘Evil Dead Rise’, le cinquième film de la série, ils s’en prennent à une famille dans un immeuble isolé de Los Angeles. Si le décor est inhabituel, l’horreur est plus sanglante et palpitante que jamais. Grâce au réalisateur irlandais Lee Cronin.

Votre premier long-métrage, ‘The Hole in the Ground’, était suggestif et retenu, comme vos courts-métrages. ‘Evil Dead Rise’ est votre premier film d’horreur extrêmement gore. Qu’est-ce qui vous procure le plus de plaisir?

Lee Cronin: «Je n’ai pas de préférence. J’ai toujours eu l’ambition d’essayer toutes les possibilités du genre. Je qualifie ‘The Hole in the Ground’ de sinistre chuchotement dans la nuque. ‘Evil Dead Rise’ est alors un hurlement atroce en pleine figure. (rires) Je suis très fan de l’horreur, car le genre permet d’aller dans tant de directions. Une autre différence, bien sûr, c’est que vous êtes presque contraint de miser surtout sur la suggestion, si vous n’avez qu’un petit budget. Ici, j’avais pour la première fois les moyens d’en faire un spectacle cinétique, violent et énergique.»

Vous y mettez aussi quelques clins d’œil aux précédents ‘Evil Dead’, comme le globe oculaire, les démons qui scandent «dead by dawn!» et, bien entendu, la tronçonneuse. Juste pour le fun?

«J’ai commencé par mes propres idées, mais j’avais toujours ces clins d’œil en tête quelque part. J’ai quand même essayé d’y donner à chaque fois ma touche personnelle. Un des côtés amusants de l’horreur, c’est que vous pouvez rendre hommage au passé, car les fans aiment vraiment ça. J’aurais beaucoup aimé trouver un moyen de réutiliser l’Oldsmobile, la voiture beige qui était dans tous les ‘Evil Dead’, mais je n’y suis pas parvenu. Il faut aussi que ça colle avec l’histoire que vous voulez raconter, et la famille du film n’aurait jamais une telle voiture. J’ai donc choisi un modèle de voiture qui s’en rapprochait le plus.»

Votre premier long-métrage, ‘The Hole in the Ground’, parlait d’une mère qui voyait son jeune fils se transformer en monstre. Dans ce film-ci, ce sont les enfants qui ne reconnaissent plus leur mère. L’inverse en quelque sorte?

(rires)«Je n’y avais jamais pensé moi-même, mais vous n’êtes pas le premier à faire le lien. Je suppose que je suis instinctivement attiré par des histoires de familles. Et je ne peux rien me représenter de plus effrayant que quelqu’un que vous connaissez très bien et que vous aimez, qui change complètement tout d’un coup. Cela peut s’appliquer aussi à une relation romantique. Vous tombez amoureux, vous êtes ensemble pendant six mois, vous avez votre première grande dispute, et vous voyez dans les yeux de l’autre un regard que vous n’aviez jamais vu auparavant. Cela fait peur aussi. Je suis persuadé que l’idée de quelque chose de familier qui devient pervers et horrible, apparaîtra encore dans mes films.»

Un des personnages de ‘Evil Dead Rise’ est enceinte et envisage d’avorter. Un terrain très glissant, non? Surtout aux USA, où le débat est tellement polarisé qu’on vous forcera à prendre position, peu importe la façon dont la question est résolue dans le film.

«Certainement, il fallait que j’aborde cela avec le plus de respect et de sensibilité possible. Tout le monde a droit à son opinion. En fait, je voulais surtout créer un personnage intéressant qui devra finalement faire un choix. Je laisse ce choix ouvert aussi, même si elle dit quand même à un moment donné ce qu’elle veut faire. C’est un moment où elle se découvre elle-même. Écoutez, ‘Evil Dead Rise’ a surtout pour but de divertir, mais si des gens veulent saisir l’occasion pour réfléchir à cette question, c’est parfait pour moi. La grossesse non désirée est, en fin de compte, une vraie question à laquelle des femmes du monde entier sont confrontées.»

Notre critique de ‘Evil Dead Rise’

Le ‘Naturom Demonto’, un des livres d’incantations qui réveillent de terribles démons, fait à nouveau parler de lui. Quatre films ‘Evil Dead’ durant, les ouvrages diaboliques reliés en peau humaine et écrits à l’encre de sang, ont pourri la vie aux occupants d’une cabane dans les bois (avec un petit détour par le Moyen-Âge), ‘Evil Dead Rise’ nous amène à Los Angeles. Un jeune garçon y découvre, après un séisme, un coffre secret, dont il récupère quelques vieux 33-tours et un livre mystérieux. Peu de temps après, des membres de sa famille s’avèrent possédés. Le réalisateur irlandais Lee Cronin a le grand mérite de réaliser un film d’horreur qui associe le fun sanglant de la trilogie originale de Sam Raimi à l’horreur lugubre du reboot de 2013. Il obtient en outre d’excellentes performances de l’ensemble du casting, ce qui n’est vraiment pas une sinécure dans ce genre de films. Il a, en revanche, plus de mal à maintenir la tension de la première partie lorsque l’action se déploie sur plusieurs fronts et que les effets grotesques prennent le dessus. On ne peut pas tout vouloir. 3/5