La légende Christoph Waltz répond à nos questions et fait une révélation sur sa relation avec Quentin Tarantino

Avec son œil taquin et sa diction légendaire, Christoph Waltz a le chic de fasciner. On le retrouve aujourd'hui en chasseur de têtes dans 'Dead for a dollar', un western à l'univers proche d'un certain Quentin Tarantino. En promotion pour le film, l'acteur autrichien aux deux Oscars ('Inglorious Basterds', 'Django Unchained') fait le bilan sur sa carrière atypique.

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 4 min.

Diriez-vous que le ton de 'Dead for a dollar' est proche de celui de ‘Django Unchained’?

Christoph Waltz: «Oui car le langage du film est conditionné par le présent. Et c'est une convention presque mythique du cinéma de voir des gens s'éliminer sur un coup de tête, sans regarder en arrière. Mais la relative impunité du Far West pose des questions intéressantes. Je crois que les USA montrent un échec intéressant de l'effort de libération. Ils se sont opposés au roi britannique, et avec raison pourrait-on argumenter. Mais leur plan pour transformer l'essai n'était pas si solide que ça.»

Le film est réalisé par Walter Hill, qui a plusieurs grands classiques à son actif. Lesquels sont vos préférés?

«J'aime l'énergie de 'The Driver', la confusion des personnages des 'Guerriers de la nuit', les enjeux éthiques du 'Gang des frères James'. Et bien sûr le talent comique d'Eddie Murphy dans '48 heures'. Walter est un vrai pro du cinéma, qui ne reste pas dans son coin pour tirer sur les mêmes ficelles de film en film.»

Vous avez le don de briller sur l'écran, tout en partageant facilement la vedette avec d'autres comédiens. Vous aimez le travail d'équipe?

«Autant être franc, ce n'est pas toujours une partie de plaisir (rires)! Mais c'est très utile de se souvenir qu'on fait partie d'un tout qui nous dépasse. Avoir de l'expérience aide à comprendre qu'il est possible de prendre des initiatives sans limiter la place des autres. Comme quoi, finir par être le plus âgé sur un plateau n'a pas que des désavantages.»

Vous affirmez avoir fait de mauvais choix dans votre filmographie. Que ressentez-vous à l'égard de ces titres?

«Du malaise, de l'embarras et de l'évitement. Quand je sens qu’un film tourne mal, j'essaie de donner mon avis et de partager mes craintes, tout en connaissant ma place. Si je sens qu'ils sont prêts à m'écouter, je me lance avec tout le tact possible. Et je croise les doigts pour que ça ne passe pas pour de la condescendance.»

Vous avez dit avoir été déçu par votre expérience dans les deux derniers films de 'James Bond'. Pourquoi?

«J'ai tendance à voir les opportunités qui m'entourent plutôt que la réalité d'un présent. Et quand la réalité me déçoit, je deviens un peu grincheux. Les films sont bons, c'est juste que je n'y retrouve pas ce que j'en attendais. Parfois, on va au cinéma et on y voit des choses incroyables, comme les rues de Paris qui se plient en deux (référence à 'Inception’ de Christopher Nolan, NDLR). Si on s'efforce, on peut trouver un certain sens à ces scènes, une idée claire. Dans mon cas, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi cette idée n'a pas été présentée plus simplement. Et pourquoi l'histoire n'a pas été racontée plus facilement. Ma réponse est un peu cryptique, je sais. Mais c'est bien mon intention (rires)!»

Votre vie a-t-elle complètement changé depuis 'Inglorious Basterds'?

«Je me souviens de la conférence de presse lors du Festival de Cannes où nous avions présenté le film. Des journalistes m'annonçaient que c'était le premier jour du reste de ma vie. J'étais franchement dubitatif mais ils avaient raison.»

Quentin Tarantino a annoncé qu'il ne lui restait qu'un seul film à réaliser. Serez-vous de la partie?

«Travailler avec lui est une telle fête, remplie de récompenses. Ses films et ses tournages sont tellement précieux. Il parvient à créer du divertissement tout en partageant un regard singulier sur le monde. Et le grand public regarde, écoute, et apprécie! Quelle magnifique rencontre. Alors bien sûr que nous espérons tous participer à ce dernier film. Mais je ne veux en être qu'il s'il a envie de m'y inviter. Je ne vois pas d'intérêt à lui mettre la pression.»

‘Dead for a Dollar’ est disponible sur les plateformes Apple TV+, Amazon Prime, iTunes, Google et Rakuten

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