‘L’Hôpital et ses Fantômes’: La série culte de Lars von Trier revient avec une saison finale

Tout comme ‘Twin Peaks’ il y a quelques années, cette autre série culte danoise, ‘L’Hôpital et ses Fantômes’ (‘The Kingdom’) de Lars von Trier, a droit elle aussi, 25 ans après, à une saison finale: ‘Exodus’. On est ravi de retrouver des visages familiers, mais il y a aussi de nouveaux acteurs, comme Nikolaj Lie Kaas (‘Angels & Demons’), un des grands noms danois de sa génération.

par
Ruben Nollet
Temps de lecture 5 min.

Vous étiez déjà sur le plateau de Lars von Trier il y a 25 ans, pour son film du Dogme95, ‘Les Idiots’. A-t-il beaucoup changé?

Nikolaj Lie Kaas : «Il est devenu nettement plus agréable. (rires) À l’époque de ‘Les Idiots’, il prenait encore lui-même la caméra à l’épaule, et je me souviens qu’il abaissait parfois la caméra au milieu d’une scène et me regardait en secouant la tête. Comme s’il était déçu que je vive. Aujourd’hui, on s’entend très bien.»

Utilise-t-il toujours des pourcentages pour diriger les acteurs?

«Oui! Mon personnage dans ‘L’Hôpital et ses Fantômes: Exodus’, le chirurgien Naver, est assez irascible. ‘Naver est furieux’ indiquait à chaque fois le scénario. À la première prise, je m’emportais donc, sur quoi Lars réagissait d’un ‘110% de moins’. Alors je réessayais et il disait à nouveau ‘110% de moins. Je suis sérieux!’ À la longue, je ne pouvais quasiment plus rien faire, avec pour résultat que Naver donne l’impression d’être complètement dingue. Et c’était le but, bien sûr.»

Vous avez déjà travaillé avec beaucoup de réalisateurs. Connaissez-vous quelqu’un d’autre comme lui?

«Non, car il est le seul à apprécier quand personne ne contrôle les choses. Tous les autres réalisateurs recherchent la perfection, Lars a horreur des acteurs qui sont trop bien préparés ou qui jouent trop bien. Il déteste les choses qui sont trop fignolées.»

Étiez-vous déjà, il y a 25ans, un fan des deux premières saisons de ‘L’Hôpital et ses Fantômes’?

«Un immense fan. Comme tout le monde au Danemark, je pense. Le concept d’une série hospitalière, avec des éléments horrifiques, frappait déjà l’imagination. Mais c’était aussi la première fois qu’il y avait à la télé des acteurs qui parlaient comme des gens normaux. Avant cela, les acteurs se comportaient toujours un peu comme s’ils étaient sur scène.»

Beaucoup de gens à l’époque n’étaient pas satisfaits de la deuxième saison, parmi lesquels Lars von Trier lui-même. Qu’en pensiez-vous?

«Cela allait trop dans la direction de la pure comédie. À l’époque, on s’amusait aussi un peu trop sur le plateau, et cela se sent. Ce n’est pas un hasard si ‘L’Hôpital et ses Fantômes: Exodus’ revient beaucoup plus au concept original, où tout le monde prend l’histoire au sérieux. Le résultat est toujours meilleur quand les acteurs ne se sentent pas à l’aise. Et ce n’est pas confortable de savoir que vous n’avez pas de contrôle. Tant les acteurs expérimentés que les débutants avaient du mal avec ça. C’était vraiment rigolo de voir les réactions.»

Comme d’habitude, Lars von Trier malmène son public. Pensez-vous que les gens sont plus ouverts aujourd’hui à une fiction plus difficile?

«Bonne question. Avant, tout le monde regardait, car la seule autre option était d’aller se coucher. (rires) Aujourd’hui, il y a tant d’autres possibilités, cela ne facilite pas les choses. Prenez le film ‘Antichrist’ [de Lars von Trier aussi, Ndlr]. Il est si intense qu’à la maison j’aurais déjà appuyé sur pause après cinq minutes pour me faire un petit café. Or, je l’ai vu au cinéma et j’ai dû rester assis. Et cela a été une des expériences les plus inoubliables de ma vie. ‘L’Hôpital’ c’est pareil. Je ne sais pas si les gens auront encore le courage. Nous préférons la sécurité. Moi aussi. Et c’est dommage, car un truc comme ‘L’Hôpital et ses Fantômes: Exodus’, vous n’avez encore jamais vu.»

Lars von Trier a appris l’année dernière qu’il souffrait de la maladie de Parkinson. Êtes-vous inquiet pour lui?

«Je suis content surtout qu’il sache enfin ce qui se passe. Il est très ouvert aussi à ce sujet. Et il peut à nouveau faire son boulot. On voit qu’il a retrouvé le feu sacré. J’attendais ça.»

L’HÔPITAL ET SES FANTÔMES : EXODUS

«C’était n’importe quoi», soupire une vieille femme au début de ‘L’Hôpital et ses Fantômes: Exodus’. Elle vient de voir la deuxième saison de la série culte danoise, et n’est pas contente. Sur ce, elle entre dans une sorte de transe et se rend à l’hôpital où se déroule la série. Des choses mystérieuses s’y passent toujours, même si tout le monde fait de son mieux pour tourner la tête. La troisième – et dernière – série d’épisodes de ‘L’Hôpital et ses Fantômes’ retrouve sa forme initiale, avec son mélange familier de soap, surréalisme, mysticisme, humour absurde et ambiance dérangeante. Tout comme ‘Twin Peaks’, c’est davantage un trip qu’une intrigue cohérente, ce qui n’enlève rien au plaisir. Ouvrez votre esprit, appuyez sur play et appréciez. Un conseil quand même: visionnez d’abord les huit épisodes précédents. Ils en valent la peine, et ce contexte vous sera bien utile.

4/5

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