Marcia Cross (Desperate Housewives) revient sur ses rôles emblématiques: «C’est amusant de jouer les garces»

Le monde entier la connaît sous le nom de Bree Van de Kamp, la ‘Desperate Housewive’ conservatrice au grand cœur. Ou bien celui de Kimberly Shaw, la psychopathe favorite des fans de ‘Melrose Place’. Marcia Cross était l’invitée d’honneur du festival Séries Mania à Lille, où elle a été reçue comme une véritable rock star!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Vous êtes le principal centre d’intérêt du festival Séries Mania et de ses 70.000 spectateurs. Quel effet ça fait d’être la tête d’affiche?

Marcia Cross : «Je ne m’attendais pas à tant d’excitation. J’ai reçu une standing ovation hier lors d’une conférence et les gens criaient dans la salle! Pour moi, tout ça existe un peu en dehors de la réalité mais je dois admettre que c’était merveilleux. C’est la première fois que ça m’arrive, et sans doute la dernière (rires)!»

De ‘Melrose Place’ à ‘Desperate Housewives’, comment expliquez-vous que vos deux rôles phares soient si malicieux?

«Lorsque j’étais jeune, les directeurs de casting me disaient que les rôles de jeune première n’étaient pas pour moi à cause de la noirceur de mon regard. Je ne voyais pas de quoi ils parlaient mais, peu à peu, ce trait m’a aidée à me sentir vue et appréciée. J’ai appris à valoriser ce mélange de dureté et de mystère que les gens ressentaient, à accepter que ça venait de moi et de mon travail. Ça a donc fini par devenir une force, même si je ne la cultive pas consciemment. Belle ironie, non?»

Beaucoup de fans vous trouvent très drôle dans vos rôles. Vous dites pourtant ne pas vous sentir comique…

«Je pense que mes rôles sont très comiques mais que je ne suis pas Robin Williams non plus. Je ne fais pas rire une pièce entière en ouvrant la porte par exemple. Je me contente de jouer ma partition sans me demander si on prépare un drame ou une comédie. Cela dit, je suis ravie qu’on m’associe aux deux.»

Vous êtes devenue une sorte d’icône au sein de la communauté gay. Pourquoi selon vous?

«Et j’en suis terriblement fière! Je crois que ça commence avec le fait que Bree a un fils homo dans ‘Desperate Housewives’. Mais je me sens proche de cette communauté dans ma vie privée. Qui sait, je suis peut-être une lesbienne qui s’ignore encore (rires). Blague à part, j’ai toujours admiré mon oncle Bob, qui était l’un des fondateurs du Gay Men’s Choir de Los Angeles. C’est grâce à ce genre de mecs que la jeunesse d’aujourd’hui peut rejeter les étiquettes avec une telle force. Je trouve ça merveilleux!»

Ce n’était pas trop dur de jouer l’homophobie de Bree? Il y a notamment cette fameuse scène où elle abandonne son fils sur le bord de la route…

«Oh si, c’était horriblement contre-instinctif! Mais je trouve ça super malin d’avoir montré une femme conservatrice changer d’avis peu à peu devant des millions de spectateurs. Avec le recul, je réalise combien cette partie de Bree est centrale à son histoire. Et à la série dans sa totalité si on y pense.»

N’y a-t-il pas quand même un certain plaisir à jouer la ‘garce’?

«C’est plus amusant, c’est sûr! Après ‘Melrose Place’, je m’étais fixé pour objectif de jouer un personnage gentil. Je l’ai fait et je me suis ennuyée comme un rat mort (rires)! Je n’irais pas jusqu’à vous dire qu’il n’y a que les garces qui m’aillent, mais elles sont intéressantes, c’est indéniable. Personne n’est unidimensionnel, et les garces peuvent avoir mille raisons différentes d’agir comme elles le font.»

Notre façon de regarder des séries a radicalement évolué depuis vos débuts dans les années ’80. Est-ce toujours le même métier de votre point de vue d’actrice?

«On joue toujours de la même façon, ça va de soi, mais tout ce qui nous entoure a changé! Le rythme a changé par exemple. Pour ‘Melrose Place’, on tournait toujours deux épisodes à la fois pour en atteindre vingt-quatre par saison. Tout ça, c’est fini! Quand j’entends quelqu’un se plaindre du rythme de travail sur une série de dix épisodes, je me marre un bon coup.»

C’est donc une évolution positive?

«Disons que c’est un cadre de travail un peu plus civilisé. Et surtout, on ne se force plus à tout tirer en longueur. Ça a été très dur pour Marc (Cherry, le créateur de ‘Desperate Housewives') de devoir sortir de nouvelles intrigues de son chapeau pendant huit ans sans jamais respirer. Aujourd’hui, les séries sont moins longues et plus espacées, ce qui les rend meilleures je crois. Regardez ‘Succession’! Le show s’arrête en pleine gloire à sa quatrième saison, pour un total de quarante épisodes. Pour ’Desperate Housewives’, on était montés jusqu’à à cent quatre-vingt!»

Êtes-vous parfois fatiguée qu’on vous parle de ’Melrose Place’ et ’Desperate Housewives’?

«Pas vraiment, je trouve Bree et Kimberly toujours aussi intéressantes. Mais depuis l’arrêt de ‘Desperate Housewives’, j’ai cette conviction en moi qu’elles n’étaient que le premier et le deuxième acte. Et donc qu’un troisième chapitre m’attend. Je n’ai aucune idée de la forme que ça prendra, mais je sens que ça vient. J’ai toujours fonctionné comme ça, en me disant que la vie était un peu plus maline que moi.»

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