Margaret Qualley incarne une journaliste dans «Stars at Noon»: «J’ai mon franc-parler»

Margaret Qualley est la fille de l’actrice Andie McDowell. Mais depuis son apparition marquante en hippie dans le «Once Upon a Time in… Hollywood» de Tarantino, elle n’a plus rien à prouver à personne. En témoigne aussi ce rôle principal dans «Stars at Noon», triller romantique et original, où elle joue une journaliste qui se retrouve mêlée sans le vouloir à des intrigues politiques au Nicaragua.

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rn
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Votre personnage est assez complexe. Trish a quelque chose d’enfantin, mais elle est aussi dure et cynique. Comment l’avez-vous abordée?

Margaret Qualley: «Honnêtement, j’ai dû chercher. Ce n’est pas venu spontanément du tout. Je suis quelqu’un de direct. J’attache beaucoup de valeur à une honnêteté extrême et j’ai mon franc-parler. Trish est totalement différente. Elle dit, en général, le contraire de ce qu’elle pense. Je n’avais pas compris ça en lisant le scénario, j’étais donc complètement à côté de la plaque au début. Ce n’est qu’en arrivant sur le plateau que j’ai compris que, pour Trish, tout est une vaste blague et qu’elle est ironique. Si elle fait une remarque cinglante sur quelque chose, c’est probablement parce que cela la touche. Cela a été la clé pour moi.»

Vous jouez une journaliste. Vous êtes-vous documentée?

«Pas vraiment. Les seules recherches que j’ai faites étaient sur le Panama, où nous avons tourné le film. Le pays m’intéresse depuis longtemps. Mon père y a déménagé quand j’avais 14 ans et j’y suis souvent allée pour lui rendre visite. Beaucoup d’endroits où nous avons tourné, je les connaissais donc, comme l’hôtel, le casino et mon restaurant chinois préféré. C’était comme si j’étais à la maison, comme mon personnage. J’ai aussi beaucoup travaillé mon espagnol.»

Les dialogues sont parfois étranges. A un moment donné, Trish dit «Ta peau est si pâle que c’est comme baiser un nuage». Une phrase tirée du roman original de Denis Johnson?

«Oui, beaucoup de ces dialogues poétiques obscurs sont directement tirés du livre. Il est impossible aussi de donner à ce genre de phrases une autre tonalité que celle de la poésie. J’ai donc essayé d’entrer dans cette réalité-là du film. C’était aussi ce que voulait Claire Denis (la réalisatrice, ndlr).»

Claire Denis est connue pour ses films arthouse tels «Beau travail», «35 rhums» et «White Material». Connaissiez-vous son travail?

«Non. Je n’ai jamais été fanatique de cinéma. J’ai toujours fait de la danse et j’avais un TDA dans mon enfance. Rester assise et regarder un film, ce n’était vraiment pas pour moi. Encore moins si c’était un film français. (rires) Mes films préférés étaient ceux avec Adam Sandler, du genre ‘Happy Gilmore’ et ‘Big Daddy’. Je ne sais toujours pas grand-chose du cinéma, mais quand j’ai commencé à jouer la comédie à 18 ans, j’ai essayé de rattraper mon retard et de rechercher les grands classiques. Aujourd’hui, je veux jouer, évoluer, apprendre et vivre des expériences. Pour le faire au mieux, je veux travailler avec des gens qui ont quelque chose d’unique à raconter. Claire est ce genre de personne.»

Elle ne fait pas appel à un coordinateur d’intimité pour les scènes de nu et de sexe. Comment vous met-elle à l’aise malgré tout?

«Elle est très sensible et timide. Elle était elle-même gênée. Elle veut, bien sûr, tourner ce qui est écrit dans le scénario, mais elle n’aime pas ce genre de scènes. Elle avait une attitude très maternelle et douce, et je me sentais très en sécurité. Elle expliquait aussi parfaitement ce qu’elle filmerait exactement. Vous savez donc que vous n’êtes pas tout le temps complètement nue et que vous pouvez protéger les parties de votre corps qui ne sont pas filmées.»

Votre carrière va bon train. Comment fait-on pour garder les pieds sur terre?

«Le plus important, c’est d’avoir du plaisir à ce que l’on fait. J’ai dansé jusqu’à ce que cela ne m’amuse plus et j’apprécie désormais mon travail d’actrice. Je sais que je suis très privilégiée. Beaucoup de gens n’ont pas la chance de faire quelque chose qui les rend heureux et les stimule. Que je puisse, en plus, bien gagner ma vie de cette manière, c’est vraiment fou.»

Notre avis

Sexe, romantisme, espionnage, tensions économiques et géopolitiques en tous genres, «Stars at Noon» contient assez d’ingrédients pour mettre l’eau à la bouche. Comment se fait-il alors que la réalisatrice Claire Denis en fait un truc aussi tiède? Que les personnages semblent errer dans une sorte de purgatoire, on peut encore le comprendre. Laprotagonisteprincipale, notamment, la cynique journaliste américaine Trish (interprétation plutôt floue de Margaret Qualley), ne sait pas très bien que faire de sa vie. Elle traîne donc dans la capitale nicaraguayenne Managua et couche avec assez de policiers et politiciens pour garder ses papiers en règle. Lorsqu’elle rencontre l’idéaliste homme d’affaires britannique Daniel, on croit qu’une étincelle va enflammer «Stars at Noon», mais celle-ci s’éteint très vite. Les acteurs font certainement de leur mieux, mais Denis et ses scénaristes restent englués dans un film curieusement passif.

«Stars at Noon» sort en salles aujourd’hui.

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