Pierre Foldes nous emmène dans l’univers magique de Haruki Murakami

Le potentiel cinématographique des livres de Haruki Murakami n’est plus à démontrer («Drive my car», «Burning»). Mais en choisissant l’animation pour son film «Saules aveugles, femme endormie», le cinéaste Pierre Foldes rend la poésie onirique du romancier japonais plus ludique que jamais.

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Comment a démarré cette adaptation des nouvelles de Murakami?

Pierre Foldes : «Ce qui m’a attiré au-delà des six nouvelles, c’est l’univers entier et le style de Murakami. Ça m’a même ébloui, émerveillé. C’est une chose de raconter une histoire, mais c’en est une autre de le faire avec un regard unique. Avec une vision singulière, on passe de la simple histoire à l’œuvre d’art.»

Comment ces six nouvelles se rencontrent-elles à l’écran?

«Au départ, j’imaginais passer respectueusement d’une histoire à l’autre. Mais en travaillant, je me suis rendu compte des échos entre les personnages et les récits, et je les ai fait interagir jusqu’au point où il ne reste plus qu’une seule histoire.»

L’impact des rêves sur la réalité fait aussi penser à David Lynch, qui a lui-même souvent été comparé à Murakami…

«Ça me fait vraiment plaisir que mon film évoque ceux de Lynch. Je comprends la comparaison parce que c’est un cinéaste qui active ma curiosité avec sa part de mystère, de flou. Que ce soit avec Lynch ou Murakami, j’aime les zones d’incertitude qui nous permettent de projeter nos propres ombres. Et chemin faisant, on peut être inspiré et découvrir quelque chose sur soi-même. Je parle de mystère mais je ne cherche surtout pas à donner des résolutions, seulement de l’inspiration. Un peu comme les rêves, ceci explique cela.»

L’animation mélange plusieurs techniques…

«C’est une méthode que j’ai mise au point pour le film car ce n’est pas évident de rendre les personnages expressifs en 2D. Pour résumer, en partant d’un story-board, on a fait un tournage bien réel avec des acteurs. Ce tournage a servi d’inspiration aux animateurs, de la façon de s’asseoir des acteurs aux rictus sur leurs visages. D’autre part, j’ai sculpté des têtes en 3D pour évincer la rigidité des émotions propre à la 2D.»

«Saules aveugles, femme endormie» sort au cinéma aujourd’hui.

En quelques lignes

Avez-vous déjà eu l’impression de passer à côté d’une vie parallèle? Tiré de six nouvelles du romancier japonais Haruki Murakami, «Saules aveugles, femme endormie» ravira les fans de l’écrivain, tout en offrant aux novices une porte d’entrée vers sa poésie contemplative et ses éclats comiques et fantastiques. Le choix de l’animation s’avère très fertile et permet à Pierre Foldes de jouer avec des motifs oniriques évoquant ceux de David Lynch, les frissons en moins et la mélancolie en plus.

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