Que vaut «A Small Light», la série qui donne un regard différent sur l’histoire d’Anne Frank?

Le nom d’Anne Frank est devenu mondialement célèbre depuis la publication de son journal, il y a 75 ans. Mais qui connaît Miep Gies? Cette jeune Hollandaise, secrétaire d’Otto Frank, le père d’Anne, a pourtant permis à la famille Frank de se cacher des nazis pendant deux ans. La série «A Small Light» raconte son histoire, avec l’actrice britannique Bel Powley dans le rôle de Miep et Liev Schreiber dans celui d’Otto Frank. Metro les a rencontrés.

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L’histoire d’Anne Frank a déjà été racontée maintes fois. Étiez-vous impatients de participer à cette série?

Liev Schreiber : «Honnêtement? Non. Je venais de finir huit saisons de la série ‘Ray Donovan’. J’avais surtout envie de prendre des vacances et de passer du temps avec mes enfants. Comme je suis juif, je reçois souvent des scénarios sur l’Holocauste, et ceux-ci ne m’intéressent pas, généralement. Un script sur la famille Frank ne me tentait donc pas. Mais en le lisant, je me suis rendu compte qu’il s’agissait en fait de Miep Gies, et cette histoire-là, je ne la connaissais pas. Elle est pourtant importante, car sans elle, nous ne parlerions pas d’Anne Frank aujourd’hui. ‘A Small Light’ parle, en fait, d’un couple de jeunes et séduisants Néerlandais, qui se retrouvent par hasard dans ce chaos. La famille Frank et les nazis ne jouent que les deuxièmes violons, et je trouvais ça très intelligent de la part des créateurs.»

Bel Powley : «Je n’avais jamais entendu parler de Miep Gies, moi non plus. Mais pour que j’accepte, il fallait que la série propose autre chose que les histoires habituelles sur la Seconde Guerre mondiale. Et j’ai été stupéfaite de voir à quel point ‘A Small Light’ faisait actuel, et à quel point je m’identifiais à ce personnage. En réalité, c’est une histoire de relations normales, mais située à une des époques les plus sombres de l’Histoire.»

Le ressentez-vous comme une grande responsabilité que d’incarner des personnes qui ont vraiment vécu cette période?

Schreiber : «Très grande. C’est pourquoi je déteste ce genre de rôles, en fait. (rires) Il s’agit alors de vous focaliser sur un élément qui stimule votre imagination. J’ai pu consulter beaucoup d’images et de livres sur Otto Frank, mais ce qui me stimulait le plus, c’était qu’il était fier d’être allemand. Je trouvais ça très intéressant. Ce n’était pas quelqu’un de religieux. Il ne se voyait pas vraiment comme un juif. Il était surtout fâché de ne plus être considéré comme un Allemand. J’ai donc essayé de refléter ce côté allemand dans son attitude, son comportement et ses vêtements. Très contrôlé.»

Powley : «Il existe peu d’images de Miep datant de cette époque, hormis une petite séquence publicitaire où elle explique comment faire de la confiture avec Opekta, la pectine que produisait l’usine d’Otto Frank. Je disposais donc d’une certaine liberté. Je trouverais bien plus difficile de jouer un personnage historique très connu, ou quelqu’un que tout le monde admire. Mais peu de gens savent qui est Miep. Elle ne se considérait elle-même pas du tout comme une héroïne non plus, mais comme une femme tout à fait ordinaire. Son autobiographie, avec sa version de ce qui s’est passé à l’époque, m’a été très utile en revanche.»

Comprenez-vous pourquoi elle a si vite accepté de mettre sa propre vie en danger et d’aider la famille Frank?

Powley : «C’était peut-être lié à son éducation ou à sa personnalité, mais elle avait un sens profondément ancré du bien et du mal. Elle n’y a pas réfléchi. C’était évident pour elle. Plus tard, elle dirait aussi ‘Nous avons simplement fait notre devoir d’être humain, c.-à-d. aider les gens qui sont en danger.’»

Schreiber : «C’est pourquoi il y a, selon moi, beaucoup d’optimisme dans cette histoire, malgré tout. Si Otto Frank a survécu, c’est grâce à cet esprit de communauté. Il y avait, dans leur entourage, suffisamment de gens qui ont dit ‘non’ aux nazis, qui ont refusé de faire ce qu’ils disaient. On voit cela aujourd’hui aussi, en Ukraine, parexemple. Là aussi, on trouve des gens qui disent ‘On se fiche de vos menaces de l’arme nucléaire. Nous ne sommes pas des lâches. So fuck off!’ Cela me donne du courage pour l’avenir, même si on voit tant d’atrocités dans le monde.»

«A Small Light» est diffusé à partir du mardi 2 mai à 20h30 sur la chaîne National Geographic. Chaque semaine deux nouveaux épisodes, aussi sur Disney+.

En quelques lignes

Imaginez: vous êtes une jeune femme insouciante, tout juste mariée, vous travaillez comme secrétaire dans une usine de confiture, et votre patron vous demande de l’aider à se cacher avec sa famille pour échapper à des autorités impitoyables en mettant peut-être ainsi votre propre vie en danger. C’est exactement ce qu’a vécu Miep Gies en 1942, alors que les nazis terrorisaient les juifs à Amsterdam. Pourtant, elle n’a pas dû réfléchir une seconde pour répondre à l’urgence. L’issue de l’histoire est, hélas, suffisamment connue grâce au journal d’Anne, la fille cadette de la famille Frank. La série «A Small Light» y donne cependant une toute autre tournure en adoptant le point de vue de Miep. Cela apporte un éclairage unique sur le destin de la famille Frank et les créateurs montrent aussi la vie quotidienne en temps de guerre. Visuellement, rien d’extraordinaire, mais l’angle judicieux et les excellents acteurs vous aspirent dans l’histoire.

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