Vingt ans après l’Auberge espagnole, Cédric Klapisch revient avec Salade Grecque!

Plus de20 ans après ‘L’Auberge espagnole’, Cédric Klapisch ouvre un nouveau chapitre de sa saga culte avec la série ‘Salade Grecque’, qui suit les enfants de Romain Duris dans les rues d’Athènes. Conscient que l’Europe a bien changé en deux décennies, il nous présente une jeunesse plus militante, moins candide, mais toujours aussi drôle et attachante!

par
Stanislas Ide
Temps de lecture 5 min.

Avec ‘Salade grecque’, vous passez du film à la série, et de la génération Y à Z. À quoi les fans de la trilogie de films peuvent-ils s’attendre?

Cédric Klapisch : «Je voulais que les gens qui aiment les films découvrent autre chose. J’ai accepté d’étendre l’histoire de ‘L’Auberge espagnole’, ‘Les Poupées russes’ et ‘Casse-tête chinois’ pour dessiner un nouveau portrait de la jeunesse européenne, dans le même esprit que ce qu’on a réalisé il y a20 ans. Pour y arriver, il a fallu trouver une nouvelle bande de jeunes comédiens européens. Ainsi qu’un groupe de scénaristes qui avaient toutes et tous moins de30 ans lorsqu’on a commencé à écrire il y a quatre ans.»

L’idée ne venait donc pas de vous?

«Non, c’est un producteur anglais de chez Amazon Prime qui m’a évoqué son choc suite au Brexit. Selon lui, il était temps de mesurer ce que la nouvelle génération pensait de l’Europe. J’aimais la dimension sociologique de sa proposition, et cette série est certainement plus politique que les films. Mais je ne voulais pas faire un remake de ‘L’Auberge espagnole’. Je me suis dit que ça marcherait mieux sous forme de suite centrée sur les enfants de Romain Duris.»

Un des personnages affirme que ‘Ce n’est pas l’Europe que nos parents ont connue’. Qu’est-ce qui a changé en20 ans?

«Tant de choses! ‘L’Auberge espagnole’ a été tournée à Barcelone un an avant l’introduction de l’Euro dans l’Union. Notre budget s’écrivait encore en francs et en pesetas, vous imaginez! C’était une période où le projet européen provoquait plus d’euphorie et d’insouciance. Mais cet enthousiasme s’est érodé avec la crise de 2008, le Brexit, la guerre en Ukraine, la Covid-19et l’ascension des dirigeants populistes. Ça montre bien la fragilité du projet européen, et ça nous donne une idée de l’image que la nouvelle génération s’en fait. D’où son côté plus engagée, sa plus grande conscience des problèmes sociétaux qui nous entourent.»

Vous parlez d’une génération plus militante, mais les deux personnages centraux de la série ont un point de vue diamétralement opposé sur l’Europe et la vie en général…

«Ce qui ne les empêche pas d’être conscients! On avait besoin de ce conflit très net pour tenir l’histoire sur huit épisodes. Dans le deuxième épisode, il y a une comparaison frontale entre la vision d’une Europe sans frontières défendue par Mia l’activiste, et celle d’un continent protégé par des frontières solides tel que l’envisagent Giulia et Tom. Je pense que cette division est très représentative des jeunes citoyens européens.»

Pourquoi avoir choisi Athènes comme décor pour cette suite?

«C’était une décision collective prise avec les cinq jeunes scénaristes qui ont rejoint le navire. On savait qu’on ne voulait pas retourner à Barcelone et on a même évoqué Berlin. Mais à leurs yeux, Athènes concentrait de nombreux thèmes politiques actuels, comme la crise migratoire. Et la Grèce symbolise malheureusement à elle seule le dysfonctionnement de l’Union européenne des vingt dernières années.»

La série semble moins française et plus internationale que la trilogie de films. Est-ce intentionnel?

«D’une certaine façon, oui! Quand on a produit ‘L’Auberge espagnole’ au début des années 2000, Canal+ nous a imposé de ne pas dépasser les50% de dialogues non-francophones. Nos personnages parlaient déjà anglais et catalan, mais ‘Salade grecque’ pousse cet aspect beaucoup plus loin avec ses conversations en arabe, en grec, en croate ou en italien. On a aussi l’impression que le mélange prend mieux, qu’on peut passer d’une langue à l’autre dans une même conversation. Travailler avec une plateforme internationale nous a permis d’assumer pleinement ce déploiement.»

En quelques lignes

On prend les mêmes et on recommence… Enfin pas tout à fait! Élevés séparément entre New-York et Paris par leurs parents (Romain Duris et Kelly Reilly), Mia et Tom se retrouvent enfin à Athènes. Elle vit dans un squat et se donne corps et âme à l’association pour laquelle elle milite. Lui rêve de lancer sa start-up, et se rend justement en Grèce pour vendre un immeuble que son grand-père leur a légué. Un duo frère-sœur et deux visions du monde très différentes, pour un clash de valeurs des plus divertissants. Bonne nouvelle! Si Cédric Klapsich nous sert avec un plaisir évident l’évocation rétro de ‘L’Auberge espagnole’ (la colocation, la musique fanfaronnante, même Cécile De France vient dire coucou), sa ‘Salade grecque’ a le bon goût de regarder de l’avant, avec une intrigue et de jeunes comédiens en phase avec l’époque actuelle. On pensait la saga essoufflée, mais le charme débordant des nouveaux héros et le passage de témoin vers une jeunesse élevée dans un discours de crise permanente justifient pleinement ces jolies prolongations.

‘Salade grecque’ est diffusée sur Amazon Prime à partir du 14 avril.

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