« Avec La Trêve et Ennemi Public, on a montré de quoi les Belges étaient capables »

L'acteur Angelo Bison est l'opposé du tueur d'enfants qu'il incarne dans la série belge « Ennemi Public ». A l'occasion de la diffusion de la deuxième saison –à partir du 10 mars sur La Une-, l'interprète du psychopathe Guy Béranger se confie sur son rôle hors du commun.  
par
Marie
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Vous êtes de retour dans cette deuxième saison, qu'avez-vous pensé du script de cette suite ?

« C'était très alléchant. On va plus loin. On a mis de l'humour dans mon personnage de Guy Béranger. Il a un côté plus effronté, plus malicieux. Et ça me plaît parce qu'après une magnifique première saison, très bien reçue en Belgique et à l'étranger, on nous attend au tournant. Il faut en donner plus aux gens et leur en donner autrement. Les deux premiers épisodes ont déjà été très bien accueillis. Et puis, la fin de la saison 2 est une bombe qui nous amènera, je l'espère, à une saison 3. »

Qu'est-ce qui vous séduit le plus dans la série ?

« Beaucoup de choses. Ce que j'aime, c'est que c'est une série chorale. Bien sûr, il y a Guy Béranger, l'ennemi public, mais il y a aussi toute une galerie de personnages. Et puis, dans cette saison 2, on découvre un tout autre univers, celui de la secte. Le chef de cette secte est un personnage tout aussi monstrueux que Béranger. Tous ces nouveaux ingrédients me plaisent même si Guy Béranger a toujours une place très importante dans la série. »

On aurait presque pitié de lui dans cette nouvelle saison…

« Oui, c'est ce qui me plaît dans ce personnage, qui est très complexe. Ce sentiment contradictoire qu'a le spectateur par rapport à lui. Le public est manipulé et prend du plaisir. C'est assez jouissif. Les réalisateurs filment mes yeux parce que tout est dans le regard. Béranger voit à l'intérieur des gens mais lui est incernable. »

Est-ce un rôle éprouvant à jouer ?

« Non, pas du tout. Dès que la journée de tournage est terminée, on va boire un pot, et on parle d'autre chose. Quand je rentre à la maison, je retrouve mes enfants et je suis de nouveau moi-même. Je ne dors pas avec Béranger, heureusement ! (rires).

Qu'est-ce que ce rôle atypique vous a apporté dans votre carrière ?

« C'est assez bizarre. Ça fait deux ans que la saison 1 est sortie. J'ai reçu le prix du meilleur acteur à Paris et depuis lors, je n'ai plus tourné (rires), hormis pour la saison 2. J'avais dit que j'arrêtais un peu le théâtre pour laisser de l'espace à d'éventuels contrats qui auraient pu venir mais les tournages ne sont pas venus. C'est difficile d'entrer dans cette famille-là. »

Comment s'est déroulé le tournage ?

« C'étaient des longues journées, très rythmées. Le tournage a duré un peu plus longtemps que celui de la saison 1. On a tourné à Vresse-sur-Semois. C'est le village le plus humide de Belgique. On a eu très froid dans cette abbaye. On nous avait dit qu'on tournerait au printemps, on a tourné en hiver. Mais les conditions difficiles nous ont soudés. »

La relation que Guy Béranger entretient avec Chloé Muller fait beaucoup penser à celle entre Clarice Starling et Hannibal Lecter dans « Le Silence des Agneaux ». Est-ce que le film a eu une grande influence sur la série ?

« Matthieu (Frances, un des créateurs de la série, ndlr.) ne s'est jamais caché que ‘Le Silence des Agneaux' avait eu une grande influence. Mais j'aime aussi dire que ‘M le Maudit' en a eu tout autant vis-à-vis de moi. Les psychopathes ont tous des traits communs, comme le côté manipulateur. Mais je trouve que nous avons réussi à créer ‘notre' psychopathe, notre Béranger. A côté d'Hannibal Lecter, c'est un pauvre ‘pei'. C'est à la fois un monstre et ‘Monsieur Tout-le-monde'. »

Vous ne craignez pas que le rôle de Béranger vous colle à la peau et qu'on ne vous confie plus que des rôles de psychopathe?

« La question ne se pose pas parce qu'on ne me confie rien pour l'instant (rires). J'ai 40 ans de carrière au théâtre et j'ai joué de très nombreux personnages. C'est vrai que j'ai joué pas mal de fous : j'ai joué Louis Althusser, un philosophe français qui a tué sa femme, et là je joue un texte d'André Baillon sur sa demande d'internement. C'est évident que la folie me plaît beaucoup. Mais je peux aussi jouer un papa ou un grand-père. »

Qu'est-ce qui vous a amené vers la télé finalement ?

« Avant, il y avait un phénomène que je n'aimais pas du tout dans le cinéma ou la télé, c'est que les grands rôles étaient joués par des Français. On allait chercher les petits rôles en Belgique pour ne pas devoir trop payer. Mais on a montré de quoi on était capables avec ‘La Trêve' et 'Ennemi public'. On fait davantage confiance aux acteurs belges, même si ça reste un phénomène nouveau. Avant, il fallait partir à Paris. Maintenant, j'espère que les gens se rendent compte qu'on a d'excellents comédiens, scénaristes et réalisateurs. ‘Ennemi Public' a bien fonctionné mais on doit arrêter de relier le succès à l'argent. Quand on parle de ‘Belgian noir', ça, ça rejaillit sur tout un pays, c'est une reconnaissance qui ne se chiffre pas en euros.»

En quelques lignes

Ph. Entre Chien et Loup / Playtime Films / RTBF / Proximus

Deux ans après les événements de la première saison, l'inspectrice Chloé Muller ne fait plus partie de la police. Mais après la visite des parents d'une petite fille disparue, Chloé va reprendre du service et rouvrir l'affaire qui la touchait personnellement : celle de la disparition de sa propre sœur. Cette affaire va plonger l'inspectrice dans l'univers dangereux de la secte. Pour obtenir des informations, elle demande à nouveau l'aide de Guy Béranger, le tueur d'enfants libéré après 20 ans de prison qui a trouvé refuge auprès des moines de Vielsart. Isolé de tous, Béranger cherche en échange à obtenir quelques privilèges… Après une première saison auréolée de succès aussi bien en Belgique qu'à l'étranger, on attendait beaucoup de cette deuxième salve. Et le visionnage des deux premiers épisodes ne nous a pas déçus. Les scénaristes ne se sont pas reposés sur leurs lauriers et ont apporté de nouveaux ingrédients tout en ne dénaturant pas l'atmosphère mystérieuse de ce thriller noir. Les anciens personnages sont davantage creusés, on découvre de nouvelles têtes, une nouvelle affaire vient se mêler à l'ancienne, le tout avec une pointe d'humour : bref, tous les ingrédients sont à nouveaux réunis pour un succès à la sauce belge.

Visionnez les premières images sur la page Facebook d'Ennemi Public