Bumblebee : humour et tendresse au pays des Transformers'

'Bumblebee' est le sixième film de la série 'Transformers' mais il redistribue les cartes en se concentrant sur le robot le plus mignon de la bande. Y avait-il une pression pour se démarquer des chapitres précédents?
Hailee Steinfeld: «On a beaucoup parlé de mon personnage, Charlie, cette ado qui se lie d'amitié avec un robot. Je la trouve différente des autres personnages féminins de la série. Je voulais qu'elle soit cool et intéressante. Qu'elle participe à l'action, sans la coincer dans une crise d'ado cliché. Alors oui, elle est paumée et se sent incomprise, mais elle est vraiment attachante et ne se laisse pas démonter. Même ses fringues sont importantes! Elle porte des t-shirts à l'effigie de groupes de rock préférés au lieu d'enchaîner les jolies tenues. Bref, il fallait que ce soit un personnage à part entière, pour qu'elle puisse guider l'histoire au lieu de se laisser manger par les scènes d'action. Et puis c'est sympa de raconter cette histoire qui se suffit à elle-même. On s'est éloignés des cinq premiers films pour faire notre petit truc à nous.»
Le film tire tout son charme de votre relation avec Bumblebee. Ça fait quoi de faire un câlin à un robot?
«C'est clair que ce n'était pas très intuitif! Bumblebee est créé par ordinateur. C'était très bizarre de jouer face à un bâton avec une balle de tennis à la place de la tête (rires). Honnêtement j'ai mis du temps à m'y habituer. J'ai cru que j'allais devenir folle à force de me parler à moi-même. Il n'y avait même pas un acteur hors champ pour lire ses répliques puisque Bumblebee ne parle pas. Pour rester saine d'esprit, j'ai simplement dû lâcher prise et faire confiance au réalisateur (Travis Knight, NDLR) en espérant que tout ça ressemble à quelque chose de compréhensible à la fin!»

L'histoire fait la part belle aux références pop des années '80. Comment avez-vous approché cet univers du haut de vos 21 ans?
«Oh j'avais beaucoup de questions sur les coiffures et les maquillages douteux, croyez-moi (rires). Pour la musique, même si je ne connaissais pas tous les artistes, comme The Smiths par exemple, il y avait tout de même cette connexion avec les groupes d'aujourd'hui. J'ai l'impression qu'on sort d'une décennie prise d'assaut par l'EDM (Electronic Dance Music, NDLR) et qu'on recommence à faire de la 'vraie' musique.»
Vous êtes célèbre depuis vos 13 ans. Pensez-vous avoir manqué quelques étapes de votre adolescence à cause de ce succès si rapide?
«Pas vraiment, non! Je n'ai jamais eu l'impression de manquer des opportunités, de ne pas répondre à ma curiosité ou de faire l'impasse sur certaines émotions. Parfois je sens que tout est déjà planifié pour moi, et le jour d'après, c'est l'inverse. Et puis les films sont des endroits où on questionne les sentiments. Même avec 'Bumblebee', on s'intéresse au deuil, à la rencontre, au sentiment de colère face à l'inconnu. Célèbre ou pas, il y a certaines émotions auxquelles une jeune personne n'échappe pas.»

Vous êtes également chanteuse. Est-ce qu'on ressent la même chose sur une scène que sur un plateau de tournage?
«Pas vraiment. Sur scène, je ne crée pas un personnage. Mes chansons représentent qui je suis et ce en quoi je crois. Ce ne sont pas des paroles en l'air. Mais c'est vrai que quand je monte sur scène, je me dis parfois: OK, que ferait Beyoncé?' (rires). Et puis on est là pour tout donner. Il y a forcément un peu de mise en scène pour faire le show. Moins que sur un film où je crée un personnage de A à Z, mais juste assez pour assurer le spectacle.»
Avez-vous rencontré Beyoncé?
«Oui et elle m'a fait un gros câlin, c'était dingue!»
Stanislas Ide
En quelques lignes
Bumblebee, le tendre robot qui se change en voiture en un clin d'il, débarque sur Terre quelques années avant ses copains les Transformers, et se planque à San Francisco pour échapper à l'armée américaine. Il y rencontre Charlie, une adolescente un peu perdue entre le décès de son père et la drague (très) maladroite de son nouveau voisin. Ensemble, ils vont apprendre à dépasser leur peur et sauver le monde, évidemment! Quelle bonne idée de changer de cap et (surtout) de réalisateur pour ce sixième opus d'une saga riche en explosions -et en nanas qui courent en talons sans transpirer du dos. Le réalisateur Travis Knight a compris que le spectateur est dix fois plus emballé par une scène de bagarre bien chorégraphiée que par un montage hyperkinétique. Son expérience dans l'animation stop-motion (Coraline', Paranorman') est le grand atout de ce film, surfant sur l'émotion de la rencontre entre un enfant et un ami (presque) imaginaire. Un peu comme si E.T.' ou Le géant de fer' avaient avalé un bidon de diesel et passaient à la vitesse supérieure. La fin est hélas prévisible, et la nostalgie pop sent le réchauffé après le succès de la série Stranger Things'. Mais le charme opère, surtout grâce à Hailee Steinfeld, qui porte fièrement le film sur ses épaules. Elle nous fait vite oublier l'absurdité de cette histoire d'amitié entre une ado rebelle et une voiture jaune.(si)
3/5