La «dauphine» de Merkel critiquée après une blague douteuse

La présidente du parti démocrate-chrétien et dauphine d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, s'est attirée une volée de critiques, en particulier des partenaires sociaux-démocrates, après une blague sur le troisième genre.
par
Camille
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La plaisanterie, qui date de jeudi dernier, était passée relativement inaperçue jusqu'à ce que des vidéos soient abondamment relayées au cours du week-end. En pleine saison des carnavals, très populaires en Allemagne, Annegret Kramp-Karrenbauer, déguisée, a participé à un sketch à Stockach. Elle s'y est moqué des hommes à Berlin qui ne boiraient que du «Latte Macchiato», avant de railler les toilettes réservées au troisième sexe: «C'est pour les hommes qui ne savent pas encore s'ils doivent uriner debout ou assis».

L'Allemagne reconnaît depuis le vote d'une loi au Bundestag fin 2018 le troisième genre: les catégories «masculin», «féminin» et «divers» figurent sur les documents administratifs, une mesure qui vise la reconnaissance des personnes intersexes.

"Au ras des pâquerettes"

Cette sortie de la «dauphine» de Mme Merkel, connue pour son conservatisme en matière sociétale -elle est notamment opposée au mariage gay- a suscité des réactions. Le vice-président du SPD, Ralf Stegner, a ainsi regretté auprès de Bild une «blague ratée», qu'il ne «trouve pas particulièrement drôle». «C'est vraiment une tragédie. La présidente du plus grand parti du Bundestag trouve amusant de dénoncer, au ras des pâquerettes, les personnes qui ne respectent pas la norme machiste actuelle», s'est emporté sur Twitter Klaus Lederer (Die Linke). «Je pense que Mme Kramp-Karrenbauer a franchi une ligne rouge. C'était une blague stupide et elle devrait peut-être s'en excuser», a lancé le vice-président du groupe des Libéraux (FDP) au Bundestag, Christian Dürr.

Petite consolation pour la possible future chancelière d'Allemagne: le quotidien populaire 'Bild', le plus lu d'Allemagne, a pris sa défense lundi et regretté le politiquement correct qui s'imposerait dans les carnavals, où les participants ne pourraient plus rire de tout.