Mons 2015, c'est parti!

par
Nicolas
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On ne recule plus! La Cité du Doudou inaugurera samedi en grande pompe son année culturelle qui se veut exceptionnelle. Autorités communales, et au-delà, misent sur ce coup de projecteur unique pour redynamiser une région depuis trop longtemps en crise.

Quelque 300 événements, 17 villes partenaires en Belgique et ailleurs, huit nouveaux musées, un centre de congrès signé Libeskind, une fondation au budget de plus de 70 millions€ pour cette seule année. Les chiffres de Mons 2015 font tourner la tête. Mais c'est aussi des chantiers en retard, une gare ambitieuse encore en construction, une pré-ouverture gâchée par la démolition d'une des œuvres phares de la ville. À l'image du défunt «Passenger» d'Arne Quinze, Mons 2015 est un sacré mikado de beaucoup d'espoirs et de soucis à régler au jour le jour. Mais Yves Vasseur, le Commissaire général de la Fondation Mons 2015, l'a assuré: si les équipements et infrastructures ne seront pas tous prêts samedi, jour d'ouverture de l'année culturelle, ils le seront au moment où on en aura besoin. Car Mons 2015 ce n'est pas un jour, mais toute l'année et au-delà.

Le bourgmestre de la cité montoise nous l'avait dit lors du dévoilement en octobre du programme des festivités: «Mons 2015 n'est qu'un commencement.» En engageant sa ville dès 2005 dans la course au titre de capitale européenne de la culture, qu'elle partage avec la ville tchèque de Pilsen, l'éminence socialiste a voulu faire un pari sur l'avenir pour une région qu'il sait dévastée par une histoire économique sur laquelle Mons et surtout ses alentours ont difficilement rebondi. Mons 2015 sera donc le point de départ d'une dynamique qui devra se poursuivre dès les lendemains de la fête en 2016. «Nous aurons d'autres réalités à gérer mais nous aurons donné ce coup d'accélérateur. La machine continuera de fonctionner et nous mettrons du carburant», expliquait alors Elio Di Rupo.

Bling-bling, peu concret, dispendieux, superficiel, réservé à une élite... Patiemment, la Fondation 2015 a tenté de démonter les critiques en améliorant sa communication sur son budget et ses intentions (elle voulait aussi garder un certain effet de surprise) et en tentant du susciter l'enthousiasme dans la population locale. Pari gagné? Le verdict tombera en partie samedi soir.

100.000 personnes attendues samedi

La Ville de Mons a revêtu ses plus beaux atours pour accueillir une foule aussi fournie qu'un week-end de ducasse. La circulation sera interdite intramuros car, faute de pouvoir élargir les rues et ruelles médiévales, la fête s'étendra dans toute la cité. Dans une trentaine de lieux, en intérieur et extérieur, des spectacles de rue, performances acrobatiques, structures en flammes et en lumières seront offerts gratuitement à un public qui aura le loisir de faire son propre parcours. La cour intérieure du Carré des Arts sera ainsi rhabillée d'une performance visuelle en mapping («Cloé» Mapping 360°) du collectif Dirty Monitor, très active dans le milieu des arts urbains. Aperçue lors d'une Nuit Blanche bruxelloise, l'installation «Song Lines» vous permettra d'entendre une chorale virtuelle entonnant «Tombe la neige» d'Adamo (un enfant du coin) en coréen, japonais ou italien. La Compagnie Carabosse installera d'impressionnantes structures enflammées sur la place du Parc. Frileux? Plongez dans les jacuzzis en bois finlandais dans la rue de Nimy. Terminez votre course par le feu d'artifice tiré depuis la place Nervienne.

En intérieur, un vent de liberté de Woodstock soufflera sur le Théâtre du Manège. Barbara Carlotti, Sarah Carlier, Clare Louise ou encore Dom La Nena feront revivre une ambiance folk vintage. Les fêtards finiront leur nuit sur la Grand-Place transformée en dancefloor et animée par les DJ de Pure FM. Expos gratuites, concerts intimistes et autres activités interactives complètent une première journée bien remplie.

Deux millions toute l'année

Juste un point de départ d'une programmation riche qui s'étend jusqu'à décembre. Pour la confectionner, Mons a plongé dans son passé en mettant à l'honneur quatre grandes figures de son passé notamment: le peintre Vincent Van Gogh (1853-1890), de passage dans le Borinage de décembre 1878 à octobre 1880, le sculpteur Jacques Du Brœucq (1505-1584), le compositeur Roland de Lassus (1532-1594) et le poète Paul Verlaine (1844-1896), emprisonné à Mons pour avoir blessé Rimbaud. Ces illustres feront l'objet d'expositions, rencontres et spectacles dans les mois à venir, et parfois dès samedi. En conviant des artistes-complices dans divers champs culturels, Mons 2015 a voulu s'assurer un programme de choix en tentant de contenterle plus grand nombre: l'auteur et metteur en scène québécois Wajdi Mouawad, le chorégraphe Frédéric Flamand, la plasticienne Fanny Bouyagui, le créateur de mode Jean-Paul Lespagnard, le poète Carl Norac et le chanteur Marc Pinilla du groupe Suarez. De quoi attirer un public estimé à deux millions de personne. Une opportunité à saisir pour la ville qui figure cette année dans la liste des destinations essentielles pour l'année. Sur ce coup-là, la communication a bien marché, foi de Montois!

Nicolas Naizy

Crédit photo: Icarus Projects