Philippe Albert : «On doit viser les quarts de finale»

Forces et faiblesses de l'équipe belge, évaluation de leurs adversaires, pronostics sur la compétition ou choix d'un favori parmi les 32 équipes engagées… L'ex-Diable Rouge Philippe Albert se livre à Metro à l'occasion de l'ouverture du Mondial 2018 en Russie.
par
Marie
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Ma première question sera simple: qui va gagner la Coupe du Monde en Russie et pourquoi?

«(rires) Ce n'est pas évident. Il y a bien sûr des favoris mais s'il faut vraiment choisir, je dirais l'Espagne. L'équipe actuelle est un mélange de l'ancienne et de la nouvelle génération. J'ai eu l'occasion de commenter l'amical Belgique-Espagne et même si nous sommes considérés comme ‘outsider' pour le Mondial russe, nous n'avons pas eu droit au chapitre lors de cette rencontre. Cette nouvelle équipe d'Espagne est vraiment séduisante et je pense qu'elle peut replacer le pays sur le toit du monde footballistique.»

Et quel sera le parcours de Diables?

«Je pense qu'on peut, on doit, viser les quarts de finale. Ne pas les atteindre serait une véritable contre-performance. On a, à nouveau, eu la chance de tomber dans un groupe relativement facile, avec tout le respect que j'ai pour les adversaires des Diables. Le seul match délicat devrait être la confrontation avec l'Angleterre mais les deux équipes devraient déjà être qualifiées à ce moment-là. Donc, oui, on peut viser les quarts et en fonction de l'adversaire, continuer notre route. Après le manque de combativité affiché contre l'Argentine en quarts au Mondial brésilien et le couac de l'Euro face au Pays de Galles où les Diables avaient une voie royale jusqu'à la finale, cette équipe n'a plus droit à l'erreur.»

On y vient. Quelle leçon les Diables Rouges peuvent-ils tirer de ces tournois précédents?

«Ils doivent désormais puiser dans cette expérience pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Si les Diables rencontrent l'Allemagne ou le Brésil en quarts du Mondial 2018, ils devront éviter de se montrer trop respectueux vis-à-vis de l'adversaire comme ils l'ont été lors du match au Mondial brésilien face à l'Argentine. Si le respect doit rimer en dehors d'un terrain, une fois le coup de sifflet donné, les joueurs doivent tout donner. Contre l'Argentine, la Belgique était spectatrice. Et du match contre le Pays de Galles à l'Euro en France, les Diables doivent retenir que la concentration doit être totale jusqu'au bout de la rencontre. Ils menaient au score avant d'être renversés par une équipe plus faible sur papier. En Russie, face à la Tunisie et le Panama, une fois que la différence sera faite, ils devront gérer correctement la rencontre, relâcher quelque peu la pression et surtout éviter les blessures. Mais je pense que Martinez aura la clairvoyance de le faire.»

Quelle est la plus grande faiblesse des Diables?

«C'est cela le pire, je n'en vois pas! Nous avons des joueurs de qualité dans chaque compartiment du jeu. Mais peut-être que d'autres équipes ont davantage de fierté et un jusqu'au-boutisme qui peut être déterminant et qui fait défaut à la Belgique. Le plus important pour les Diables, c'est qu'ils n'aient rien à se reprocher à la fin du tournoi. Je regrette parfois leur manque d'agressivité et d'envie.»

Et leur point fort?

«Si notre défense se compose de Courtois, de Kompany, d'Alderweireld et de Vertonghen au top de leur forme, je ne vois pas qui pourrait nous mettre un but. Et outre un milieu éblouissant avec notamment Hazard et De Bruyne, on a Lukaku en pointe qui, à 24 ans, est en train d'exploser des records en équipe nationale et en Premier League. Peu de nations peuvent se targuer d'avoir autant d'atouts que nous.»

Quel regard portez-vous sur les adversaires des Diables dans le groupe G?

«Comme je l'ai dit, avec tout le respect qui leur est dû, nous devons facilement prendre le dessus sur le Panama et la Tunisie. Et si nous sommes à 100% de nos capacités, même l'Angleterre ne devrait pas pouvoir rivaliser avec nos Diables. Les Anglais ont des joueurs de qualité mais beaucoup sont très jeunes et manquent donc d'expérience dans ces grands tournois. Honnêtement, je ne pense pas que nos adversaires puissent nous accrocher dans les trois premiers matches.»

Vous avez vous-même participé à une Coupe du monde. Qu'est-ce que cela signifie pour un joueur?

«J'ai même eu la chance d'en vivre deux (rires)! La Coupe du Monde, c'est une chance énorme pour un joueur et une fierté de représenter son pays dans la plus belle des compétitions. Et même si on y arrive parfois sur les rotules à cause d'une lourde saison régulière, c'est le genre de compétitions qui offre un second souffle (rires)

Enfin, comment comptez-vous vivre ce Mondial?

«J'ai la chance depuis 2012 de faire tous les grands tournois comme consultant avec la RTBF et je serai donc présent en Russie aux côtés de Rodrigo Beenkens jusqu'à la fin de la compétition. Je fais partie de ces privilégiés qui vivront cet événement de l'intérieur.»

Fiche d'identité

Ph. Belga

Défenseur central,

né le 10 août 1967 (50 ans) à Bouillon

Palmarès:

41 caps en équipe nationale, cinq buts inscrits.

Deux participations à deux Coupes du Monde (en 1990 et 1994)

Double champion de Belgique (1993 et 1994) avec le RSC Anderlecht.

Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1994 avec le RSC Anderlecht.

Soulier d'or en 1992.

Footballeur Pro de l'année en 1992.