Plus de la moitié des uvres de ce musée étaient des faux
"C'est une catastrophe pour la municipalité", Yves Barniol le maire d'Elne, une petite commune située à une dizaine de kilomètres au sud de Perpignan, ne décolère pas depuis la découverte de l'escroquerie qui a ébranlé le musée de la ville. "Etienne Terrus est le grand peintre d'Elne, il fait partie de la commune, c'est le peintre de chez nous", lance le maire. Contrit, il ajoute: "de savoir que des gens sont venus dans ce musée et ont vu plus de la majorité de faux, je le vis très mal".
82 uvres sur les 140 de la collection sont des faux
Depuis cinq ans, quelque 80 pièces ont été achetées pour enrichir la collection. "En 2013, la précédente équipe municipale avait acheté 16 uvres. En 2015 des associations locales ont acquis 47 uvres en lançant une souscription, auxquelles s'ajoute un leg de 13 pièces provenant de la collection privée d'Odette Traby, au décès de la fondatrice du musée", explique l'historien d'Art et commissaire d'expositions, Eric Forcada. Il a été missionné l'été dernier par la mairie pour réorganiser l'institution autour de ces nouvelles acquisitions qui proviennent "majoritairement de chez des antiquaires" de la région.
Ph. Belga
Dès le premier coup d'il, il se rend compte que la plupart de ces uvres sont des faux. "Sur un tableau, la signature à l'encre s'effaçait lorsque je passais dessus avec mon gant blanc". Il alerte l'adjointe à la culture et demande la réunion d'un collège d'experts pour confirmer ces dires. "Au niveau stylistique c'est grossier, des supports en coton ne correspondent pas aux toiles utilisées par Terrus et il y a parfois des anachronismes", explique Eric Forcada.
La police de Perpignan chargée de l'enquête
Début avril, la municipalité a décidé de porter plainte notamment pour faux, usage de faux, contrefaçons et escroqueries. "J'espère que l'enquête ira au bout. Nous, nous ne lâcherons pas. On va rechercher tous les éléments, les délibérations, les certificats qui nous permettront de remonter jusqu'aux faussaires", lâche le maire.
Pour Eric Forcada, "tout le marché de l'Art au niveau local est gangréné. Du vendeur à la sauvette qui démarche les collectionneurs privés jusqu'aux antiquaires, en passant par les salles des ventes", affirme-t-il. Le "défaut d'authentification" est souvent lié à l'absence d'ayants droits selon lui.
Les uvres d'Etienne Terrus pouvaient atteindre avant cette affaire, "entre 6.000 et 15.000 euros pour les tableaux et de 2.000 à 3.000 euros pour les dessins et aquarelles", toujours d'après Eric Forcada. La brigade de recherche de Perpignan a été chargée des investigations pour débusquer les faussaires et les intermédiaires peu scrupuleux qui ont écoulé toutes ces contrefaçons.