Un Belge accomplit la première traversée en autonomie complète de la Tasmanie en hiver (PHOTO)
Le Belge, qui a parcouru à pied quelque 500 kilomètres en transportant des dizaines de kilos de vivres et de matériel, est arrivé en bonne santé mais a perdu 16 kilos à l'issue de son trek extrême.
Louis-Philippe Loncke (41) a accompli une expédition historique en étant le premier aventurier à traverser l'île de la Tasmanie durant l'hiver australien, sans ravitaillement en nourriture et gaz, en n'empruntant aucune route carrossable et en dormant chaque nuit sous tente. "Je n'ai jamais pensé abandonner, mais je n'ai jamais autant pleuré. J'utilise le mot 'punition', car c'était très dur. Le physique souffre, avec le froid, la faim, le mauvais sommeil. Si bien qu'à un moment donné le mental lâche", a expliqué Louis-Philippe Loncke à Belga. Ce n'est pas la première fois que le Belge se lance de tels défis, mais sur 16 expéditions, celle-ci a été "la plus longue et la plus dure".
60 kilos de matériel
L'aventurier est parti début août depuis la ville de Penguin au nord de l'Etat australien et a rejoint 52 jours plus tard Cockle Creek, à l'extrémité sud de l'île. Pour garantir son autonomie complète durant l'expédition, il a emporté près de 60 kilos de matériel et ravitaillement. "Avec un tel poids de sac à dos il faut aller lentement, et faire attention à tous les pas. Un faux pas et c'est l'accident direct", explique-t-il. Le randonneur avait prévu 30 kilos de vivres pour 40 jours (environ 750g par jour), mais comme le trek s'est avéré plus long que prévu, ses rations ont été drastiquement réduites lors des deux dernières semaines.
BELGA/ M. Dosquet
L'explorateur transportait aussi du matériel de camping d'hiver et un petit bateau gonflable (packraft) qu'il a utilisé à une douzaine d'occasions pour naviguer sur quatre lacs et descendre deux rivières. "Quand j'ai pagayé, j'ai eu droit à toutes les saisons: soleil, grêle, tempête, des conditions incroyables", décrit l'intrépide. Les conditions climatiques ont en effet été un obstacle majeur durant la traversée, avec des températures négatives "comparables à un hiver ardennais". Une vague de froid, accompagnée de neige, a marqué le début du périple, mais le marcheur a pu profiter de "trois jours de conditions idéales pour gravir le Mont Ossa", le plus haut de l'île à 1.617m. En prévision du challenge, M. Loncke avait gagné en masse corporelle avant le départ (10kg) pour atteindre 83kg. Après un mois et demi d'expédition, il ne pesait plus que 67 kilos.
"Un rat de laboratoire outdoor"
Le Belge a mis son expérience au service de la science et se décrit comme un "rat de laboratoire outdoor" pour la Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord (Université Paris 13). Dans le cadre de recherches cognitives et psychologiques sur la prise de décision sous stress en environnement extrême, il a procédé à des tests réguliers depuis début août. Tous les trois jours, il devait s'enregistrer en procédant à certaines tâches relatives à la concentration et à la mémorisation. Fier d'avoir relevé un défi historique, le Belge s'émerveille d'avoir pu "atteindre le sommet du Mont Cradle, observer le rideau vert bleuté d'une aurore australe (pendant des aurores boréales dans l'hémisphère sud, NDLR) ainsi qu'une multitude d'arcs-en-ciel sur les lacs".
Une destination populaire
La Tasmanie est une destination populaire pour ses randonnées dans les parcs nationaux qui recouvrent une large partie de son territoire au biotope particulier. Auparavant, le Mouscronnois avait déjà effectué d'autres treks extrêmes, notamment en Bolivie et en Californie. En Australie, il avait aussi accompli une marche de 300 km dans le désert de Simpson, et avait déjà exploré quinze sommets de la Tasmanie en 2006 et 2007 (en 49 jours cette fois). Ses performances lui ont valu le titre d'aventurier de l'année 2016 ("European Adventurer of the Year 2016") lors de la foire des sports Outdoor Ispo à Munich l'an passé. Louis-Philippe Loncke sera de retour le 5 octobre à Bruxelles et compte rédiger un livre sur ses deux expéditions en Tasmanie.