Une jeune femme filme le harcèlement qu'elle subit dans les rues du Caire
Qu'est-ce que cela fait d'être une femme et de se promener seule dans la rue en Egypte ? C'est ce qu'a voulu montrer aux yeux du monde Colette Ghunim, une jeune documentariste qui vit et travaille au Caire. Pour cela, la jeune femme s'est filmée discrètement lorsqu'elle se promenait le long du Nil, sur une rue très fréquentée du Caire.
La vidéo intitulée « Creepers on the Bridge » (en français « les types louches sur le pont ») montre les regards insistants et oppressants que les hommes de la rue portent sur la jeune femme.
A l'origine de ce projet, il y a Tinne Van Loon et Colette Ghunim. Toutes deux travaillent sur un documentaire à propos des violences sexuelles dont les femmes sont victimes en Egypte. Elles expliquent au site Internet Egyptian Streets : « C'est après avoir écouté des histoires de femmes égyptiennes et étrangères qui sont victimes d'harcèlements sexuels, ainsi qu'en se promenant nous-mêmes dans les rues, qu'on a voulu capturer ce sentiment persistent d'anxiété à chaque fois que l'on marche seule ».
Le harcèlement sexuel est un véritable fléau en Egypte. Selon une étude menée en 2010 par le Centre égyptien des droits de la femme au Caire, 83 % des Egyptiennes et 98 % des étrangères ont déjà été victimes de propos obscènes ou d'attouchements sexuels dans les lieux publics.
Cette vidéo n'est pas sans rappeler celle de Sofie Peeters. En 2012, cette étudiante de l'école d'art du spectacle et des techniques audiovisuelles avait réalisé le documentaire « Femme de la rue ». Dans celui-ci, elle filmait le harcèlement et les injures dont elle était victime lorsqu'elle se promenait dans un quartier du centre de Bruxelles.