Allons-nous bientôt tous être myopes?

Les chiffres sont impressionnants. Selon l’OMS, la moitié de la population mondiale sera myope en 2050. Mais comment en est-on arrivé là?

par
Thomas Wallemacq
Temps de lecture 5 min.

La myopie est le trouble de la vision le plus répandu. C’est aussi celui qui connaît la croissance la plus rapide, et ce, aux quatre coins du monde. Le principal symptôme des personnes atteintes de myopie est de voir flou au loin. Si les myopes ont une bonne vision de près, ils peinent donc à voir les objets éloignés.

De plus en plus de myopes

Selon le site myopie-info.be, à l’heure actuelle, plus de 30% des Belges sont myopes et les chiffres sont en constante augmentation. Pendant longtemps, ce sont surtout les pays asiatiques qui ont été touchés par la croissance de la myopie. C’est au Japon que la prévalence de la myopie est la plus élevée au monde. Selon les chiffres de 2019, environ 43% des Japonais sont myopes. Mais chez les jeunes, le pourcentage est bien plus élevé. Il y a dix ans, une publication scientifique dans The Lancet évaluait la prévalence de ce trouble de la vision chez les jeunes asiatiques à près de 90%. Au Japon, en Chine ou en Corée du Sud, neuf élèves sur dix portent des lunettes.

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la myopie est désormais en constante augmentation dans le monde entier. Selon les projections actuelles, en 2050, la moitié de la population mondiale sera myope.

«Aujourd’hui, 40% de la population est myope, avec 5 à 10% de myopes forts», alertait l’an passé Ramin Tadayoni, chef de service d’ophtalmologie à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, à Paris. «Ces deux proportions sont en augmentation. Nous avons un décalage de 15ans avec l’Asie», soulignait-il.

Les enfants particulièrement touchés

Selon l’expert français, il y a de plus en plus d’enfants myopes. Myopie-info.be partage ce constat et cette inquiétude. «Aucun chiffre spécifique sur la myopie infantile n’est actuellement disponible pour la Belgique. Mais en Europe, le nombre de jeunes myopes a doublé au cours des 30dernières années», indique l’organisme.

Comment expliquer ce boom de la myopie? Tout d’abord, il y a les facteurs génétiques et héréditaires. Si l’un des parents est myope, l’enfant aura ainsi deux fois plus de risques d’être atteint de myopie. Mais il semblerait que l’environnement joue aussi un rôle important dans le développement et dans l’aggravation de la myopie. Pour faire simple, c’est aussi notre mode de vie qui peut nous rendre myope. Le temps passé en intérieur, le manque d’exposition à la lumière du soleil ou encore une sollicitation excessive de la vision de près seraient des facteurs aggravants, selon les chercheurs. Pour le docteur Gilles Martin, ophtalmologue à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, le risque de devenir myope est ainsi «maximal» pour les personnes qui ont un mode de vie citadin.

Comment limiter le risque?

La myopie n’est pas une fatalité. Pour réduire le risque que ce trouble se développe chez les enfants, il faut privilégier les activités en extérieur. «Ainsi, parmi les enfants pratiquant plus de 14heures de sport en extérieur par semaine, le risque de développer une myopie devient identique quels que soient les antécédents familiaux. Deux heures par jour d’exposition à la lumière extérieure diminuent le risque par trois», explique Gilles Martin.

Parallèlement, il convient aussi de limiter le temps d’exposition aux écrans des enfants. Certains experts recommandent ainsi de ne pas dépasser une heure par jour avant l’âge de 10ans. «En vision de près, le support de lecture, livre ou écran, doit être à 30cm des yeux. Des pauses sont également préconisées: toutes les 20minutes, regarder au loin pendant au moins 20secondes», conseille dans les colonnes du Parisien la docteure Pauline Beaujeux, ophtalmologue pédiatrique à Nantes. La spécialiste souligne également l’importance de l’éclairage et déconseille la lecture ou l’utilisation des smartphones dans la pénombre le soir.

Au fil des ans, il y a désormais une véritable prise de conscience que la myopie est un véritable problème de santé publique. En Chine et à Singapour, il existe déjà des centres exclusivement dédiés à la prise en charge médicale et à la recherche sur la myopie pathologique. En France, un «Institut de la myopie» verra le jour en 2023.

Un effet des confinements?

Selon une étude scientifique publiée en janvier 2021 dans la revue Jama Ophthalmology, l’année 2020 a été catastrophique en termes de myopie. Du fait des différents confinements, les enfants sont restés davantage à l’intérieur. Que ce soit en lisant des livres ou en regardant des écrans, ils ont davantage regardé à courte distance. L’effet a été particulièrement important sur les enfants âgés de 6 à 8ans. Si bien que les chercheurs ont considéré qu’il y a eu en 2020 une «vague de myopie de la quarantaine». Selon eux, si des confinements devaient encore avoir lieu dans le futur, les autorités devraient veiller à ne pas restreindre les activités en extérieur pour les jeunes enfants.

Mieux vaut prévenir que guérir

La myopie peut être corrigée grâce à des lunettes ou des lentilles de contact, ou encore grâce à une opération des yeux. Mais dès l’enfance, un traitement rapide peut ralentir la progression de la myopie et empêcher l’apparition ultérieure de troubles oculaires plus graves. «Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à prendre rendez-vous chez votre ophtalmologue pour un examen de la vue», prévient le site myopie-info.be.

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