Bientôt la fin de l’anonymat en rue avec la reconnaissance faciale ?

Les caméras de surveillance s’équipent de plus en plus de technologies de reconnaissance faciale. Cela veut-il dire que nous serons bientôt tous identifiables en rue par cette intelligence artificielle?

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par
Marie Bruyaux
Temps de lecture 4 min.

Vous vous promenez dans la rue et vous n’y faites jamais attention mais les caméras de surveillance sont partout ! Et ces dernières années, les technologies de reconnaissance faciale sont devenues de plus en plus performantes. Les caméras de surveillance belges seront-elles bientôt équipées de cette technologie? Et si oui, doit-on s’en inquiéter?

Comment ça marche?

Ces caméras à reconnaissance faciale permettent de tracer en direct une personne en rue. Techniquement, une série de mesures du visage est enregistrée. Les traits de visage des personnes filmées sont comparés à des images stockées dans une base de données afin d’identifier une personne visée.

Les points positifs

Pouvoir identifier en un instant le voleur (même s’il est masqué !) qui vient de ressortir d’un magasin avec un beau butin sous le bras, cela comporte des avantages! Cette technologie risque en effet d’en dissuader plus d’un. Elle permet aussi de renforcer la sécurité aux frontières ou dans les aéroports et d’identifier rapidement des suspects lors d’attaques terroristes. La reconnaissance faciale peut également être utile pour retrouver une personne disparue, par exemple. Elle pourrait enfin permettre de mesurer la satisfaction des clients dans les magasins en analysant leur langage non verbal. Bref, les possibilités sont infinies…

Les points négatifs

Mais cette technologie pose évidemment des questions quant à la sécurité de nos données personnelles et le respect de notre vie privée. Les dérives peuvent en effet être nombreuses. Prenez l’exemple de la Chine où la reconnaissance faciale est déjà largement utilisée. Les piétons qui ne traversent pas lorsque le feu est vert peuvent être directement sanctionnés. Vous êtes épiés, votre comportement est contrôlé et vos libertés individuelles limitées. La Belgique n’est pas la Chine. Mais il n’existe actuellement aucun cadre juridique chez nous pour réglementer l’utilisation de la reconnaissance faciale dans l’espace public.

Les risques d’erreurs d’identification sont également à prendre en compte car les algorithmes ne sont pas neutres. Ils sont essentiellement calibrés sur des visages d’hommes blancs. Les personnes noires ou androgynes, par exemple, sont plus difficilement reconnaissables, et ces ‘faux positifs’ peuvent donc conduire à de la discrimination.

Une pétition lancée à Bruxelles

Une coalition d’associations rassemblée autour du slogan «Protect my face» a déposé une pétition au Parlement bruxellois pour demander l’interdiction de la reconnaissance faciale dans l’espace public à Bruxelles. Elles craignent que ces technologies n’entravent les droits fondamentaux, particulièrement des minorités. Ces associations veulent lancer un débat démocratique autour de cette technologie qui n’est pas autorisée en Belgique mais qui a pourtant déjà été utilisée plusieurs fois par la police. En 2019, lors d’essais illégaux à l’aéroport de Bruxelles, des policiers avaient en effet utilisé le controversé logiciel américain Clearview.

Vers un cadre juridique européen

Un cadre juridique pour l’intelligence artificielle est en cours d’élaboration au niveau européen. Baptisé AI-act, il réglementera, notamment, l’utilisation des caméras à reconnaissance faciale. Ce cadre a été proposé par la Commission européenne en avril 2021. Il vise à traiter les risques spécifiques de l’IA en les catégorisant en quatre niveaux différents: risque inacceptable, risque élevé, risque limité et risque minimal. Ce cadre juridique est censé garantir que les Européens puissent faire confiance à l’IA qu’ils utilisent. L’AI-act ne sera pas adopté avant plusieurs mois, voire même l’année prochaine, selon la RTBF.

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