Comment expliquer l’escalade des violences causées par les guerres de gangs en Belgique?

Ce lundi soir, la Belgique a appris avec tristesse la mort d’une petite fille de 11 ans, victime collatérale des gangs qui fait rage depuis plusieurs mois dans les environs d’Anvers. Comment en est-on arrivés là et pourquoi cette guerre n’a-t-elle jamais été aussi intense? Éléments de réponse avec Metro.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

Au cours des derniers mois, les incidents (probablement) liés au milieu de la drogue ont montré que les narcotrafiquants ne reculaient devant aucune violence, ce qui augmente le sentiment d’insécurité dans plusieurs quartiers. Certains sont particulièrement touchés par l’explosion de bombes ou feux d’artifices devant des domiciles ciblés. Cette année, 91 nouveaux dossiers ont été ouverts, 81 personnes ont été arrêtées, dont 46 sont toujours en détention.

Le drame de trop

Lundi soir, une petite fille de 11 ans a été tuée alors qu’elle se trouvait derrière une porte de garage qui a été criblée de balles. Si le lien avec le milieu de la drogue est encore à démontrer, selon le parquet d’Anvers, Bart De Wever avait d’ores et déjà affirmé que la famille concernée était connue dans le milieu de la drogue. Ses membres seraient des proches d’Othman E.B., un trentenaire de Borgerhout recherché par la justice anversoise pour trafic de drogue mais qui résiderait à Dubaï.

Comment justifier cette escalade de violences?

des autorités efficaces : si la guerre s’intensifie de la sorte récemment, c’est sans doute parce que les autorités n’ont jamais été aussi efficaces pour saisir les produits des narcotrafiquants. Les services de douanes belges et néerlandais ont saisi un total de 160 tonnes de cocaïne dans les ports internationaux d’Anvers (110) et de Rotterdam (50) au cours de l’année 2022. C’est la première fois que la barre des 100 tonnes est dépassée à Anvers. En 2021, les saisies s’élevaient au port d’Anvers à 89,5 tonnes de cocaïne.

une quantité en hausse : car en plus de cela, la quantité de cocaïne produite se retrouvant sur le sol belge n’a jamais été aussi grande. Les producteurs ont désormais recours à des OGM pour cultiver les plantes de coca, ce qui leur permet d’envoyer plus de cocaïne que par le passé en Belgique. Vous l’aurez compris: si les autorités saisissent des quantités de plus en plus grandes de drogues dans le port d’Anvers, c’est également parce que la marchandise n’a jamais été aussi présente sur notre marché.

de nouvelles opportunités de trafic : Fabrice Eizzoli, enseignant à Sciences Po et à l’HEIP, spécialiste de la grande criminalité et des mafias, fondateur et président de l’association Crim’HALT explique: « Il y a une quinzaine d’années, les Pays-Bas et une province de Belgique sont devenus producteurs de drogues de synthèse. Cela a augmenté les opportunités de trafic et de retombées économiques dans le port d’Anvers. En plus de la cocaïne qui vient d’Amérique latine, il y a aussi l’ecstasy produite en Belgique et aux Pays-Bas qui repart dans l’autre sens.»

Pas uniquement à Anvers

Il est bon de rappeler que ces violences liées au milieu de la drogue ne sont pas seulement le fait de la ville d’Anvers. À Bruxelles également, les bandes sont bel et bien présentes. En 2019, l’ASBL Ba Ya Ya recensait 25 bandes urbaines, dont 21 gangs actifs, dans les rues de la capitale. Ces chiffres n’ont plus été mis à jour depuis, sans doute à cause de la crise énergétique.

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