En quoi consistent les bombes au phosphore blanc utilisées sur Gaza?

L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse l’armée israélienne d’utiliser des bombes au phosphore blanc à Gaza et au Liban. Mais en quoi consiste cette arme redoutable?

par
T.W.
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Dans un rapport publié le 12 octobre, Human Rights Watch (HRW)affirme qu’Israël «a utilisé du phosphore blanc lors d’opérations militaires à Gaza et au Liban».

L’armée israélienne utilise-t-elle des bombes au phosphore?

L’ONG se base notamment sur plusieurs vidéos authentifiées ainsi que sur des témoignages de personnes présentes sur place. Le photographe de l’AFP Mohammed Abed a également pris des clichés qui montreraient l’utilisation de bombes au phosphore. Pour Gilles Denglos, ancien de la Marine nationale française et expert en explosifs de guerre, «la fumée blanche aussi dense est très certainement liée à la combustion de phosphore». Amnesty International estime également que l’armée israélienne a utilisé de telles bombes sur Gaza. Mais de son côté, Tsahal dément. «L’armée de défense d’Israël n’a pas déployé ce genre de munition», affirme Israël.

Quel est l’impact du phosphore blanc?

HRW explique que l’utilisation du phosphore blanc expose les civils à des risques de blessures graves et à long terme. En effet, au contact de l’oxygène, cette substance s’enflamme et atteint une température d’environ 800ºC. «Le phosphore blanc provoque des brûlures atroces et peut mettre le feu aux habitations», détaille l’ONG. Le phosphore se caractérise par une forte odeur (qui ressemble à celle de l’ail) et génère beaucoup de lumière et de fumée.

Les brûlures causées par le phosphore sont particulièrement horribles. Elles peuvent aller jusqu’aux os. «Les brûlures au phosphore blanc rien que sur 10% du corps humain sont souvent mortelles. Elles peuvent aussi provoquer des lésions respiratoires et une défaillance d’organes. Les personnes qui survivent à leurs blessures initiales risquent souvent d’en souffrir durant toute leur vie», indique HRW.

Que disent les conventions internationales?

Le Protocole III de la Convention sur les armes classiques (CCAC) porte sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi des armes incendiaires. «L’utilisation du phosphore blanc est illégale et indiscriminée lors d’explosions aériennes dans des zones urbaines peuplées, où cette substance peut incendier des maisons et causer des dommages considérables aux civils», a déclaré à Libération Lama Fakih de Human Rights Watch.

Néanmoins, la Convention est ambiguë à plus d’un titre. Tout d’abord, elle interdit en partie mais pas totalement l’utilisation d’armes incendiaires notamment lorsqu’elles sont lancées depuis le sol, via des tirs d’artillerie par exemple. De plus, la Convention définit les armes incendiaires comme étant essentiellement conçues «pour mettre le feu et brûler des personnes». Or, les munitions au phosphore blanc sont considérées comme polyvalentes. Certaines armées utilisent le phosphore blanc pour éclairer certaines positions durant la nuit, voire pour créer un écran de fumée. Le phosphore blanc est une arme «autorisée» mais «dégueulasse», résume l’historien militaire Michel Goya. Néanmoins, HRW estime que l’utilisation du phosphore blanc «viole l’interdiction, en vertu du droit international humanitaire, d’exposer les civils à des risques inutiles ».

Selon le dernier bilan ce lundi matin, plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils. Les représailles israéliennes ont quant à elles tué au moins 2.750 personnes à Gaza, en majorité des civils palestiniens, dont des centaines d’enfants, selon les autorités locales.

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