La SNCB est-elle la pire compagnie ferroviaire d’Europe?

Entre augmentation des prix en 2023 et trains régulièrement en retard, la SNCB a tendance à décevoir les navetteurs belges. Mais sont-ils réellement à plaindre? Voici où se positionne la compagnie ferroviaire belge par rapport à ses voisins européens.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

Après plus de dix ans d’attente, la SNCB et Infrabel se sont dotés il y a quelques jours de nouveaux contrats de gestion, définissant le futur du rail belge pour les dix années à venir. Plus de trains, horaires élargis, matériel renouvelé…: la SNCB a décidé de dix grands changements qui auront pour but de transformer le rail de demain. Et si ce nouveau plan a été accueilli favorablement par les navetteurs, il était temps qu’un changement annoncé. Entre augmentation des tarifs et retards à répétition, ceux-ci en avaient marre.

Qu’est-ce qui cloche?

Le problème numéro un de la SNCB, ce sont les retards. Selon les navetteurs, les chiffres de la ponctualité sont catastrophiques. L’an dernier, un train sur dix (10,8%) ne démarrait pas à l’horaire annoncé, ce chiffre ne prenant pas en compte les trains tout simplement supprimés, soit 4% des véhicules. Comment expliquer ces retards?

–les motifs «externes»: il s’agit de la cause numéro un des retards (40,8%). Parmi ces causes externes, on recense les intrusions sur les voies, les vols de câbles, ou encore les dégradations de matériel, voire la mauvaise météo.

–la SNCB : la compagnie ferroviaire belge reconnaît qu’elle est à l’origine d’un tiers des retards (34,8%), notamment à cause de son matériel vieillissant. « Nous sommes conscients que la situation a été compliquée ces derniers temps pour les voyageurs. Nous constatons que les pannes sont en augmentation, et nous analysons la situation pour trouver une solution structurelle au plus vite», explique la porte-parole de la SNCB Elisa Roux.

Infrabel : le troisième grand responsable, c’est le gestionnaire des infrastructures Infrabel, qui est à l’origine de 20,2% des retards. Si l’on regarde de plus près, les infrastructures doivent faire peau neuve: plus d’un cinquième des revêtements des passages à niveau, des aiguillages en voie principale et des caténaires, mais aussi un dixième des voies principales et 3.000 kilomètres de câbles de fibre optique doivent être remplacés.

Sommes-nous pires que nos voisins?

La Plateforme européenne des gestionnaires d’infrastructure ferroviaire jugeait en 2019 que la Belgique était le deuxième pire pays du continent en matière de ponctualité, devant l’Italie. Toutefois, d’autres études depuis le début de la décennie placent généralement un peu mieux la Belgique, qui reste pourtant toujours dans la seconde moitié du tableau. En tête, on retrouve les pays nordiques, la Suisse et les Pays-Bas.

Pourtant, tous les pays européens ont plus ou moins les mêmes problèmes de vieillissement des infrastructures. Pour l’expert indépendant Frédéric de Kemmeter, interrogé par nos confrères de Moustique, le problème belge est ailleurs: « Le montant des investissements ne fait pas la qualité du réseau. Dans le nord de l’Europe par exemple, les chemins de fer se modernisent plus rapidement, utilisent la digitalisation à bon escient. Cela les rend plus efficaces.»

Mais le spécialiste se veut positif, notamment grâce au plan de modernisation de ces dix prochaines années: « Des efforts sont réalisés et la digitalisation du réseau avance, ce qui devrait permettre de mieux anticiper les problèmes techniques grâce à des capteurs. Au final, on finira par ne pas être si mal loti au niveau du chemin de fer belge.»

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