Le choix de la colocation pour faire face à l’inflation?

Avec l’augmentation des prix des loyers, de l’énergie et de l’alimentation, la colocation devrait attirer de plus en plus d’adeptes. Elle n’est plus seulement appréciée par les étudiants mais aussi par les jeunes travailleurs. Focus sur les avantages et les inconvénients de ce mode de vie.

par
mb
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La Société du logement de la Région bruxelloise estimait en 2018 que 11% des logements de la capitale étaient loués en colocation. On serait autour de 17% pour l’ensemble de la Belgique, selon une étude menée en 2021 par l’ASBL Samen Huis. Et ces chiffres devraient encore grimper.

Si cela fait longtemps que les étudiants ont adopté la colocation, les jeunes travailleurs sont de plus en plus séduits par cette organisation de vie. Selon les chiffres du dernier Observatoire des loyers, réalisé en 2020 par le Service public régional Bruxelles Logement, 54% des sondés vivant en colocation dans la capitale ont plus de 30 ans. En 2017, ce pourcentage ne s’élevait qu’à 39%, rapporte le magazine Moustique. Le prix des loyers, qui ne cesse d’augmenter ces dernières années, y est pour quelque chose. Et l’inflation devrait accentuer le phénomène. Pourtant, il ne faut pas se lancer dans cette aventure à la va-vite. Découvrez d’abord quels sont les avantages et les inconvénients de la colocation.

LES AVANTAGES

1.Les économies

Selon l’Observatoire des loyers réalisé en 2020, un colocataire à Bruxelles paie 437€ en moyenne par mois, contre près de 775€ pour une personne vivant seule ou en famille. Vous économisez aussi bien sur le loyer que sur les charges. Et avec l’augmentation des factures d’énergie, la colocation permet donc de pouvoir encore épargner et de gagner en qualité de vie. Vous pouvez aussi vous permettre d’opter pour un logement plus grand.

2.Le partage des tâches

Autre avantage de la colocation: le partage des tâches! Le ménage, les repas, la vaisselle, l’administratif, etc.: vous ne devez plus vous occuper de tout, tout seul. Ça peut être un sacré soulagement pour certaines personnes qui détestent s’acquitter de ces tâches rébarbatives! Et plus le nombre de colocataires est élevé, plus votre tour viendra moins souvent! Une panne de chaudière? Une grosse araignée dans votre chambre? Vous ne devez plus faire face seul aux petits ou gros pépins.

3.La fin de la solitude

Vivre en coloc, c’est aussi faire des rencontres et éviter la solitude d’un logement individuel. Quand on déménage dans une nouvelle ville par exemple, la colocation permet de ne pas se sentir perdu dans un nouvel environnement. La crise sanitaire a aussi eu un impact sur les intentions à vivre en communauté. De nombreux étudiants vivant en studio ont souffert de l’isolement, tandis que ceux vivant en colocation étaient plus résilients face à la situation. Vivre en colocation, c’est aussi un bon moyen de se motiver à faire des activités, comme du sport.

4.L’apprentissage d’une langue étrangère

Pourquoi ne pas vivre avec une personne étrangère pour apprendre une nouvelle langue? C’est aussi un bon moyen de découvrir une nouvelle culture et un autre mode de vie.

LES INCONVÉNIENTS

1.L’instabilité

Le risque de la colocation, c’est qu’une ou plusieurs personnes s’en aillent en cours de bail. Si vous habitez avec un couple par exemple, il y a un risque de séparation. Beaucoup se mettent en colocation seulement pour payer un loyer moins cher et peuvent quitter le navire quand les prix augmentent. De plus, presque tous les baux sont signés avec une clause de solidarité. Et donc en cas de départ d’un locataire, tous les autres sont individuellement redevables de l’intégralité du loyer.

2.Les modes de vie différents

C’est un des inconvénients les plus importants de la cohabitation: la différence de modes de vie entre les colocataires. Si vous êtes quelqu’un de calme et zen et que vous vous retrouvez avec des fêtards invétérés, la cohabitation risque vite de devenir un enfer. Prenez le temps de discuter avec vos futurs colocataires avant d’emménager.

3.Le manque d’intimité

Vos colocataires connaîtront vite toutes vos petites habitudes, ce qui ne constitue pas forcément un inconvénient. Par contre, lorsque les murs sont fins et que l’on entend tout ce qui se passe dans la chambre du coloc qui raconte sa vie au téléphone, ou pire, qui a ramené sa copine chez lui, ça peut devenir plus problématique. Il est important que vous vous sentiez parfaitement à l’aise avec vos colocataires pour ne pas souffrir de ce manque d’intimité.

4.Le bruit

C’est inévitable: plus on est nombreux, plus il y a du bruit. Si vous êtes étudiant, cela peut vous empêcher de réviser pour un examen, par exemple. Le bruit peut aussi vous empêcher de dormir si les autres font la fête à côté de vous. C’est à ce moment que les disputes surviennent. Veillez à établir de bonnes règles de conduite dès votre arrivée dans la colocation.

ISOLÉ OU COHABITANT ? LE FLOU PERSISTE

C’est une question qui reste encore floue: a-t-on un statut d’isolé ou de cohabitant lorsque l’on vit en colocation? Pendant longtemps, l’Onem a jugé que plusieurs personnes vivant sous le même toit tiraient obligatoirement un avantage financier à tous les niveaux, ce qui suffisait à démontrer la cohabitation. Pourtant, les colocataires ne partagent pas forcément leurs revenus. De nombreuses personnes se sont ainsi retrouvées devant les tribunaux pour faire valoir leurs droits en matière de chômage. En 2017, la Cour de Cassation a tranché sur la question: il ne suffit pas de vivre sous le même toit pour être considéré comme cohabitant. Cependant, la Cour a précisé que c’est au colocataire à prouver qu’il partage uniquement la location, les charges et quelques espaces avec ses colocataires afin de pouvoir bénéficier du statut d’isolé. Mais selon des observateurs du monde associatif, ces preuves fournies seraient appréciées différemment selon le fonctionnaire de l’Onem en charge du dossier, ce qui laisse une place à la subjectivité.