Les courses alimentaires, un poids financier pour les Belges et le reste du monde

L’inflation préoccupe de nombreux Belges. Au moins de mars, elle a dépassé pour la première fois les 20%: un record absolu ! Les courses alimentaires représentent un poids financier important pour les Belges mais aussi les habitants de nombreux pays.

par
ETX
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En France

Si l'on s'en tient aux données de l'Insee publiées pour l'année 2014, les ménages français dépensent 232 milliards d'euros pour se nourrir, que ce soit chez eux ou à l'extérieur. En moyenne, cela représente 3.600 euros par habitant. Au sein des dépenses de consommation, cette somme concerne 20,4% du budget. Si le contexte inflationniste actuel donne l'impression que le portefeuille est grevé par l'augmentation des prix de la nourriture, en réalité la part de l'alimentation dans le budget des Français était plus importante qu'il y a un demi-siècle. En 1960, elle représentait 34,6%, selon l'Insee. Au mois de mars dernier, les prix de l'alimentation ont flambé de 15,8% d'après la publication de l'Insee, dont 16,6% en ce qui concerne les produits frais. Et pourtant, le ressenti est plus intense, d'après une étude OpinionWay pour Bonial, indiquant que les consommateurs estiment la flambée des prix à 22%. Bref, les courses alimentaires représentent un poids pour eux. 18% prévoient ainsi de réduire leurs achats alimentaires dans les semaines à venir pour faire face à la situation tandis que 10% préféreront faire du stock de nourriture.

Au Royaume-Uni

En Europe, les Français ne sont pas les seuls à souffrir de la conjoncture économique. Au Royaume-Uni, on n'avait pas vu cela depuis 1977 : le coût des aliments a augmenté de 17% entre décembre 2021 et 2022. Selon les données gouvernementales, en 2019-2020, un foyer britannique dépensait en moyenne 48,01 livres par personne et par semaine que ce soit pour se nourrir ou s'abreuver, en incluant les boissons alcoolisées. Un budget qui représentait 10,8% des dépenses d'un ménage moyen. Pour les ménages ayant les 20% de revenus les plus bas, le budget alimentaire représentait 14,7%, et arrivait juste après le logement, le carburant et l'électricité.

Dans l’UE

Au sein de l'Union européenne, l'effort financier se situe dans la même échelle de valeur. Les achats alimentaires et en boissons sans alcool représentent 14,3% du budget des habitants de l'Union, d'après Eurostat, l'office de la statistique de l'UE (chiffres de 2021). Sauf qu'il ne s'agit que d'une moyenne puisque cela recoupe bien sûr des réalités différentes. Les courses alimentaires représentent des dépenses beaucoup plus conséquentes pour les Roumains (24,8%), les Lituaniens (20,4%), les Bulgares (20,1%), les Estoniens (19,9%), les Polonais (19,6%) et les Slovaques (19,6%). A l'inverse, les Irlandais disposent du budget le moins lourd (8,3%), tout comme les Luxembourgeois (9%), les Autrichiens (10,9%), les Danois (11,8%) et les Allemands (11,8%).

Aux États-Unis

Aux Etats-Unis, où l'on a beaucoup parlé du phénomène de "eggflation", en rapport à la flambée des prix des oeufs incitant jusqu'à la contrebande à la frontière mexicaine, se nourrir ne coûte pas les yeux de la tête. Contrairement aux idées reçues, la part de l'alimentation dans les dépenses s'inscrit dans les mêmes proportions que celles relevées en Europe. En 2021, les consommateurs américains ont dépensé 10,3% de leur revenu en alimentation, que ce soit en courses alimentaires ou pour se restaurer à l'extérieur, d'après le département de l'Agriculture des Etats-Unis (USDA). Tout comme en France, cette part n'a cessé de baisser depuis 1961. Rappelons que depuis le début de l'année, l'inflation sur les denrées alimentaires a fortement ralenti, avec des prix qui ont augmenté de 9,5% en février dernier par rapport au même mois un an plus tôt. La tendance s'est même inversée puisque l'année dernière, elle avait davantage été calculée à +13,9%.

Dans les autres pays

C'est au Zimbabwe que la flambée des prix de l'alimentation est la plus ahurissante, puisqu'elle a été évaluée à +285% en 2022, avait révélé fin février dernier le World Economic Forum. Les pays les plus touchés par l'inflation alimentaire étant successivement le Venezuela (158%), le Liban (143%) et l'Argentine (95%). Une situation induite par le coût astronomique des matières premières et la guerre en Ukraine, mais aussi la volatilité des prix du marché des engrais, de l'avis de la Banque mondiale (World Bank Group). Rappelons aussi qu'au Brésil, 33,1 millions de personnes souffrent de la faim tandis que 30% de familles sont menacées de pénurie alimentaire, à en croire The Borgen Project, une organisation à but non lucratif qui a fait de la faim et de la pauvreté ses principaux combats.

L'alimentation est un sujet capital dans d'autres régions du monde, comme le Maroc où la FAO, l'organisme des Nations Unis dédié à la nourriture et à l'agriculture, vient d'estimer que 2,1 millions de personnes sont sous-alimentés. Dans un récent rapport dédié à la sécurité alimentaire et à la nutrition au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, on estime que 53,9 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire dans la région arabe. Enfin ajoutons que l'Unicef a appelé à une action urgente au Yémen, où plus de 540.000 enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère.

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