Les séismes ont-ils un lien avec le dérèglement climatique?

Le 6 février dernier, la terre a tremblé en Turquie et en Syrie, où au moins 51.000 personnes ont tragiquement perdu la vie. Depuis 2010 à Haïti, la planète n’avait pas connu de bilan aussi catastrophique. Mais y a-t-il un lien à faire entre le dérèglement climatique et les séismes?

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

230.000 morts en Asie du Sud-Est en 2004, 200.000 morts à Haïti en 2010 et, beaucoup plus récemment, plus de 51.000 en Turquie et en Syrie. Le bilan est lourd lorsque la terre a tremblé ces dernières années. Au total, des séismes surviennent près de 15.000 fois par an partout dans le monde. Le 6 février dernier, c’est une secousse de 7,8 sur l’échelle de Richter qui s’est montrée particulièrement dévastatrice à la frontière turco-syrienne.

Et si le dérèglement climatique a un impact direct sur la hausse des températures, sur la fonte des glaces ou sur les sécheresses, il est beaucoup plus difficile à concevoir qu’il puisse avoir un effet sur les failles. D’ailleurs, les théories à ce sujet vont dans tous les sens, et Bill McGuire, professeur de géophysique à l’University College de Londres est le premier à la dire: «On dit tout et n’importe quoi à ce sujet.» Tentons donc ensemble de faire le tri entre toutes ces informations.

Y a-t-il un rapport?

Il y a encore quelques dizaines d’années, les experts de l’époque vous auraient dit qu’il n’y avait aucun lien entre le réchauffement climatique et les séismes. En effet, comment justifier que l’élévation des températures puisse impacter des événements sismiques? Mais depuis, des moyens techniques ont permis de mieux appréhender le phénomène de la tectonique des plaques, ce qui a permis de comprendre que les séismes résultaient de la libération soudaine d’une énergie accumulée le long des failles pendant des dizaines, des centaines, voire des milliers d’années.

Au début des années 2010, une équipe de chercheurs australiens emmenée par le professeur Giampiero Iaffaldano, avait prouvé que le dérèglement climatique avait bel et bien un impact sur les événements sismiques, mais sur le très long terme. «La fermeture ou l’ouverture de bassins océaniques, ou l’émergence de hautes montagnes comme les Andes ou le Tibet, constituent des processus géologiques qui affectent le climat», expliquait-il à l’époque, avant de poursuivre: «Nous montrons de notre côté pour la première fois que l’inverse est vrai, que l’évolution du climat peut affecter, en retour, le mouvement des plaques tectoniques.»

Vers une augmentation du nombre de séismes?

Et comme on observe de plus en plus d’événements climatiques inhabituels, nous pourrions donc nous attendre à une augmentation de séismes dans les prochaines années, si l’on suit la logique. Pourtant, ce n’est absolument pas le cas. En effet, ce type d’évolutions se mesure sur des millions d’années et nous ne pourrons donc pas constater de nos propres yeux une incidence du dérèglement climatique sur le nombre de séismes.

Mais si l’on y regarde de plus près, comme l’ont fait des centaines de scientifiques, les changements climatiques qui ont été observés dans l’histoire peuvent mener à deux types de situations extrêmes: d’une part les périodes froides qui sont marquées par de grandes glaciations et où l’eau est stockée sous forme de glace, et d’autre part les périodes chaudes (ce que l’on connaît actuellement), durant lesquelles il n’existe que de rares glaciers et où l’eau est stockée sous forme liquide dans les océans au niveau plus élevé.

La Terre navigue donc entre ces deux extrêmes, et la répartition des eaux pour chacune de ces périodes influe sur la sismicité de chaque zone. Mais à nouveau, on parle là de très longues périodes et nous ne constaterons donc pas de changement de notre vivant… du moins à ce niveau-là!

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