Les trains roulent-ils vraiment de moins en moins vite?

En dehors des lignes à grande vitesse, les trains qui circulent aujourd’hui en Belgique sont-ils plus lents qu’il y a 30 ou 40 ans? La question mérite d’être posée et la réponse risque de vous surprendre!

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par
T.W.
Temps de lecture 4 min.

Avez-vous la moindre idée de la vitesse à laquelle circule votre train? En réalité, c’est assez difficile à estimer. Les différences entre les lignes sont grandes et cela dépend d’une multitude de facteurs. Néanmoins, on peut estimer que la vitesse commerciale moyenne d’un train en Belgique est d’une soixantaine de kilomètres par heure. Plus étonnant, malgré les progrès techniques et technologiques, cette vitesse aurait tendance à diminuer au fil des ans et des décennies.vPour vérifier cela, nous sommes allés ouvrir le placard à archives. Il faut dire que les statistiques officielles sur la vitesse des trains dans notre royaume ne courent pas les rues.

Des trajets plus longs qu’en 2013

En 2016, le ministre fédéral de la Mobilité de l’époque, François Bellot (MR), avait été interrogé à la Chambre à ce sujet. Selon les chiffres qu’il avait communiqués, la vitesse moyenne des trains IC avait diminué de 2,9 km/h entre 2013 et 2015. La liaison entre Bruxelles et Charleroi était la plus lente du pays, avec une vitesse commerciale de 63,1 km/h (en baisse de près de 10 km/h). À l’époque, la SNCB justifiait cette perte de vitesse par «les travaux sur le réseau ferroviaire».

Qu’en est-il en 2023? Comment ont évolué les temps de trajets en dix ans? En 2013, il fallait compter 58 minutes pour un trajet entre Tournai et Bruxelles. Si vous faites le même trajet ce mercredi, vous mettrez au minimum 1h04 pour arriver à Bruxelles-Midi. En 2013, faire Charleroi-Bruxelles en train prenait 46 minutes. Comptez 52 minutes en 2023. Les trajets entre Mons et Bruxelles, et entre Liège et la capitale sont également plus longs qu’il y a dix ans. Néanmoins, l’augmentation est moins importante (respectivement +1 et +2 minutes via les trains les plus rapides).

Ailleurs en Europe

La Belgique est loin d’être une exception. Une récente étude de la Commission européenne a analysé 1.356 liaisons de moins de 500 km entre des villes de l’UE. Résultat: 30% de ces liaisons se font à une vitesse moyenne de moins de 60 km/h et 3% de ces trajets entre deux villes offrent des vitesses supérieures à 150 km/h.

On allait plus vite à l’époque de la vapeur

Pour la petite anecdote, à la fin des années 1800, une locomotive à vapeur mettait 44 minutes pour rejoindre Charleroi à Bruxelles, soit quelques minutes de moins qu’aujourd’hui! Évidemment, le contexte est différent mais on peut donc bel et bien affirmer que les trains sont plus lents qu’il y a 130 ans. Une multitude de facteurs peuvent expliquer cela: les travaux sur le réseau, mais aussi le fait qu’il y ait toujours plus de voyageurs et qu’il faille donc plus de trains, plus grands et plus lourds. Autant d’éléments qui font que les trains sont de plus en plus lents.

Et pour le futur?

Fin 2022, les nouveaux contrats de gestion de la SNCB et d’Infrabel ont été adoptés par le conseil des ministres. Ces contrats ont fixé le cap et les moyens dévolus au rail belge pour la décennie à venir. Si la vitesse des trains n’est pas abordée directement, elle l’a été de manière indirecte. En effet, la SNCB et Infrabel ont annoncé que réseau ferroviaire allait être progressivement modernisé afin d’améliorer la régularité du trafic et donc la ponctualité. Cela devrait permettre de lever, d’ici 2030, tous les avis de ralentissement (c’est-à-dire les tronçons sur lesquels la vitesse est actuellement ralentie). Est-ce que cela va réduire le temps de trajet? Pas sûr, car parallèlement, d’ici 2032, la SNCB vise aussi une augmentation de l’offre de trains de 10% ainsi qu’une augmentation des fréquences. La vitesse des trains n’est donc pas près de considérablement augmenter!

En avion aussi les trajets s’allongent

Le train n’est pas le seul moyen de transport concerné par l’allongement des temps de trajet. Il y a aussi l’avion. Si on compare des vols d’aujourd’hui par rapport à des vols des années 1970, la différence de durée peut se compter en heures! Les avions d’aujourd’hui volent volontairement moins vite qu’il y a 50 ans. Parfois, c’est la compagnie qui demande aux pilotes de voler moins rapidement afin de consommermoins de carburantet donc pour faire des économies. Mais ces dernières années, si le temps de vol est volontairement allongé, c’est aussi pour permettre aux compagnies de comptabiliser et d’annoncer moins de retards (et donc parfois de payer moins d’indemnités). La même technique serait-elle utilisée par la SNCB? En 2015, un rapport de la cellule ferroviaire du Service public de Wallonie estimait que «l’allongement quasi généralisé des temps de parcours» était «une manière bien commode d’améliorer le taux de ponctualité de la SNCB». C’est plutôt rare mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, certains trains arrivent ainsi parfois à l’avance en gare et doivent attendre avant de repartir. Certains conducteurs doivent également parfois s’arrêter pour ne pas arriver à l’avance en gare.

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