Que va changer la franchisation des magasins Delhaize?

Ce mardi, le groupe Delhaize a annoncé à la surprise générale que l’intégralité de ses magasins encore intégrés passerait sous franchise. Mais qu’est-ce que c’est, exactement, une franchisation? Est-ce que ça change quelque chose pour notre portefeuille? On vous dit tout.

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Sébastien Paulus avec Belga
Temps de lecture 4 min.

La direction de l’enseigne de supermarchés Delhaize a annoncé mardi matin au cours d’un conseil d’entreprise extraordinaire sa volonté de faire passer tous les magasins encore intégrés, soit 128 sur 764, sous franchise. Depuis lors, une centaine de magasins ont décidé de garder leurs portes closes, une décision qui devrait durer jusque mardi prochain au moins.

Qu’est-ce que ça change?

De par cette décision, la direction du groupe Delhaize contraint les magasins dits intégrés, qui sont sous la gestion de la maison mère, à passer sous la main d’affiliés. De cette façon, le franchisé tire avantage de la marque, du marketing, mais aussi de la cellule d’achat du franchiseur. En échange, l’affilié a pour devoir de respecter les règles de la marque, mais aussi de payer un droit d’entrée ainsi que des redevances au franchiseur.

Des emplois sont-ils menacés?

Dans l’immédiat, des emplois ne sont pas menacés. Le porte-parole du groupe Delhaize Roel Dekelver a tout de suite tenu à rassurer dans une communication officielle: « Il n’y aura pour nos salariés, ni perte d’emploi ni perte de revenu. Les 9.000 travailleurs concernés seront repris par l’affilié aux conditions auxquelles ils travaillent pour l’instant.»

Toutefois, le franchisé aura pour objectif d’optimiser les performances de son enseigne. Si à ses yeux, cela passe par des changements au sein de ses effectifs, il pourra les effectuer comme bon lui semble. « Mais nous sommes certains que l’ensemble de nos collaborateurs sont nécessaires pour relancer une dynamique de croissance dans ces magasins. Il s’agit de la seule solution pour espérer conserver le groupe Delhaize en Belgique», tempère Roel Dekelver.

Il est à noter qu’il faudra trouver un franchisé pour chacun des 128 magasins concernés. Et si ce n’est pas le cas, on se dirigera sans doute vers une fermeture des établissements en question, avec son lot de licenciements.

Du changement pour les clients?

Pour les clients, il n’y a pas grand-chose qui va changer, explique Karima Ghozzi, du groupe Delhaize: « Les affiliés doivent se fournir majoritairement au sein de notre cellule d’achat. Cela signifie que les produits seront dans la toute grande majorité identiques par rapport à ce qu’il se pratique actuellement. Par contre les franchisés pourront développer de nouveaux partenariats avec des acteurs locaux pour dynamiser leur magasin.»

Pour ce qui est des prix, la politique variera d’un magasin à l’autre: «Même si la grande majorité de nos plus de 600 affiliés actuels décident d’adopter nos prix conseillés. Certains doivent localement adopter des prix plus élevés car par exemple ils sont en centre urbain et le prix du loyer oblige d’augmenter la marge pour la viabilité de l’enseigne.»

Des réactions politiques?

Le ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne, a invité la direction de Delhaize à examiner d’autres pistes que la franchisation de ses magasins dans le cadre de la concertation sociale qui va s’ouvrir avec les syndicats, a-t-il indiqué jeudi à la Chambre en réponse à des questions de Chanelle Bonaventure (PS), Anja Vanrobaeys (Vooruit), Gaby Colenbunders (PTB) et Nahima Lanjri (CD&V). Le cas échéant, il désignera un conciliateur social.

Si le groupe de grande distribution devait maintenir son plan de franchisation, le ministre a rappelé le prescrit de la convention collective de travail 32 bis qui garantit le maintien des droits des travailleurs. «J’ai demandé à Delhaize une réelle garantie d’emploi et le maintien des droits acquis des travailleurs», a-t-il expliqué.

À ses yeux, il n’est pas question non plus que le consommateur supporte cette opération par une augmentation du prix de son caddie.

Le secteur de la grande distribution subit depuis plusieurs années des restructurations à répétition. Plusieurs modèles répondant à des CCT distinctes cohabitent. «J’ai demandé aux partenaires sociaux de nettoyer le paysage des conventions collectives de travail pour éviter le shopping du moins disant», a ajouté M. Dermagne.

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