Quelles sont ces fausses infos inventées par les autorités russes?

Depuis le début de l’invasion russe il y a un an, la guerre en Ukraine s’accompagne d’un tsunami de désinformation en majorité pro-russe. Celle-ci remet en cause la réalité de certaines atrocités, dépeint les Ukrainiens comme des nazis ou suggère que le soutien occidental s’étiole. Voici les principaux narratifs, faux ou trompeurs, vérifiés en une année par les équipes de fact-checking de l’AFP.

par
AFP
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Accusations de mise en scène

L’idée d’atrocités qui seraient mises en scène par l’Ukraine a été véhiculée à plusieurs reprises par les autorités russes, par exemple après la découverte de cadavres de civils à Boutcha, près de Kiev, au début avril. Deux séquences d’une vidéo de mauvaise qualité ont alors été utilisées pour affirmer que deux figurants jouaient les morts, ce que l’on a pu contredire grâce à des équipes sur place.

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses autres vidéos partagées massivement pour faire croire à des horreurs «mises en scène» sont, en fait, sorties de leur contexte: elles montrent en réalité les tournages d’un clip de rap, d’un film de science-fiction et d’une série TV russe.

Les médias pris pour cible

Ces accusations de trucage débordent bien souvent sur de grands médias occidentaux décrits comme «mainstream» sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont par exemple relayé des captures d’écran trafiquées censées prouver que la chaîne CNN utilise de vieilles images sans rapport avec le conflit dans ses reportages.

D’autres ont pris à partie des chaînes de télévision en les accusant de diffuser des images de faux blessés, visages bandés et ensanglantés. Il s’agissait en réalité des victimes bien réelles de frappes russes.

Une Ukraine «nazie»

Un flot de fausses publications sur Internet fait écho à la rhétorique de Moscou, qui présente le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme étant à la tête d’une clique de «nazis» ou de «drogués».

Ainsi, des publications présentant un homme couvert de tatouages nazis comme un chef de la police de Kiev ou un montage montrant M. Zelensky brandissant un maillot de football orné d’une croix gammée ont circulé dans le monde entier.

Les accusations relatives aux drogues se concentrent quant à elles sur le président ukrainien, cible de plusieurs montages vidéo à la qualité variable, censés prouver une addiction à la cocaïne.

Narratifs anti-réfugiés

La désinformation cible aussi massivement les réfugiés ukrainiens, en particulier dans des pays voisins comme la Pologne et la Slovaquie. Sur Internet, photographies ou vidéos détournées à l’appui, ces réfugiés sont, tour à tour, décrits comme néo-nazis, criminels ou responsables de tas d’immondices laissés dans des trains.

D’autres types de messages trompeurs, partagés dans plusieurs pays européens, prétendent qu’ils reçoivent davantage d’argent public qu’un retraité ou qu’un vétéran.

Lassitude et trahison

Autre thème récurrent, celui d’une prétendue trahison du voisin et ami polonais: ainsi ces fausses cartes météorologiques censées prouver que la Pologne souhaite annexer une partie du territoire ukrainien ou ces faux documents supposés révéler que Varsovie envisage d’installer un protectorat en Ukraine occidentale.

À défaut de trahison, le refrain d’une supposée lassitude dans les pays alliés à l’Ukraine revient fréquemment, sous des formes diverses: montages laissant croire à des affiches anti-réfugiés à Prague ou Varsoviwe, photographies prétendant montrer des œuvres d’art de rue anti-Zelensky aux quatre coins du monde, fausses Unes de Charlie Hebdo moquant le chef d’État ukrainien.

Sanctions et crise énergétique

La désinformation touche enfin bien souvent au domaine de l’énergie, dans le contexte des sanctions imposées à Moscou et de flambée des prix. Outre de nombreuses publications trompeuses sur les tarifs et circuits de l’énergie en Europe, l’on trouve par exemple de fausses citations du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, culpabilisant les ménages qui chaufferaient leurs maisons à plus de 17 degrés Celsius.

Une importante campagne de désinformation pro-russe en Europe, clonant des sites de médias reconnus à l’automne dernier, jouait entre autres sur ce tableau pour susciter le rejet des sanctions dans l’opinion.

Sur un faux site du journal allemand Bild, on pouvait lire qu’un garçon était mort dans un accident de vélo à Berlin en raison de l’absence d’éclairage public, éteint pour économiser l’énergie. C’était faux.

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