Quelles sont les mesures mises en place pour éviter les débordements durant les baptêmes estudiantins?

Qui dit rentrée universitaire dit aussi retour des baptêmes estudiantins. Depuis toujours, ces rites de passages ont mauvaise presse, et encore plus ces dernières années, quand les langues se sont déliées quant aux agressions et harcèlements sexuels qui s’y passent.

par
Léa Druck
Temps de lecture 4 min.

«Et puis gueule en terre bleu, c’est la tradition», cette fameuse phrase de la chanson d’Edouard Priem résonne dans nos têtes en ce début de guindaille. Mais qui dit guindaille dit risques et donc mesures. Ces dernières années, les témoignages de violences sexuelles dans le folklore estudiantin ont explosé. Grâce à la page Instagram «Balance ton Folklore», les personnes victimes de ces agressions parlent et dénoncent leurs agresseurs petit à petit.

Les Cercles estudiantins se mobilisent

Suite à ces récents témoignages, les autorités universitaires et les étudiants ont décidé de renforcer l’encadrement des festivités étudiantes. En juin dernier, elles se sont rassemblées pour renforcer certains points de la charte. Parmi lesquels: «Les organisateurs devront également être attentifs à ce qu’il n’y ait aucune dérive sexiste ou discriminatoire».

Au sein des cercles étudiants, des mesures sont également mises en place. «Chaque cercle dispose de deux postes d’égalité et inclusivité, ce sont des personnes qui sont sobres et qui sont ouvertes à la discussion, à la parole et à l’écoute. C’est un poste qui gère toutes les violences sexuelles ou les harcèlements qu’ils soient moraux, physiques ou quel que soit le type de harcèlement qu’on peut subir en guindaille. Il y a également la safe zone qui a été mise en place à la Jefke. Et il y a la charte folklorique aussi qui met plein de dispositions en place pour les bleus, dont le fait qu’ils soient intouchables», explique Valentien Knaepen, porte-parole de l’Association des Cercles Étudiants de l’ULB (ACE).

La formation «pour une bleusaille plus safe et plus inclusive» a également été organisée en juin dernier par l’ACE. Lors de cette conférence, les acteurs de la vie étudiante ont été formés par rapport à des sujets tels que l’alcool, le handicap mais aussi les violences physiques, psychiques et sexuelles. «On fait notre maximum avec les moyens qu’on a. On est bénévoles aussi et parfois la charge mentale peut être très difficile pour les gens qui reçoivent les témoignages», ajoute la porte-parole.

Et maintenant?

Malgré les mesures de sécurité mises en place chaque année au sein des universités et par la ministre, difficile d’empêcher toutes les dérives: «On ne sait pas si c’est suffisant mais on fait absolument tout ce qu’il faut pour que ce le soit», note Valentien Knaepen.

L’encadrement des activités folkloriques estudiantines doit sans cesse être repensé, réinventé.

Mais dans ce qui est mis en place, l’espoir d’un avenir sans dérives est là pour ces associations étudiantes. La création de la page Balance Ton Folklore (BTF) sur Instagram fait partie de l’une des causes les plus importantes permettant la libération de la parole des étudiants depuis un moment. Selon Valentien, «il y a un avant et un après Covid. On le ressent parce que la page BTF a été lancée pendant la pandémie. C’est clair que la libération de la parole avant et après n’est pas du tout la même». Grâce à la page, plusieurs agresseurs ont été dénoncés et se sont fait congédier des cercles avec effet immédiat. Les universités prennent aussi des dispositions en fonction de ce qui a été commis. Et cela ne peut que souffler un vent d’optimisme pour l’avenir de la guindaille.

En pratique, ça donne quoi?

Plusieurs étudiants, notamment via des témoignages publiés sur la page BTF elle-même, ne se disent pas satisfaits de ce qui est actuellement d’application. Selon eux, les mesures en place ne suffisent toujours pas. Aujourd’hui, il est difficile d’évaluer l’impact que ces mesures auront sur la vie estudiantine. Il reste et restera toujours un danger d’agressions sexuelles, mais cela ne s’applique pas qu’à l’université. Un éternel questionnement subsistera: devons-nous nous concentrer sur la protection et prévention de potentielles victimes ou l’éducation des agresseurs?

Une charte mise en place

En juillet dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny (MR), a annoncé le renforcement de la charte encadrant les activités festives et folkloriques estudiantines, à savoir:

-Les étudiants devront désormais signaler toute activité auprès de leur établissement.

-Annoncer le libre droit de boire de l’alcool et de manger certains aliments aux participants.

-Être attentifs à ce qu’il n’y ait aucune dérive sexiste ou discriminatoire et avoir minimum une personne qui ait son brevet européen des premiers secours (BEPS).

-Ils doivent s’informer sur l’état de santé de chaque participant.

Cette charte doit être signée et communiquée à tout participant de guindaille. À cela, les organisateurs peuvent ajouter certains points propres à leur réalité.