Risque-t-on un black-out en Belgique cet hiver?

La Belgique traverse une crise énergétique sans précédent et certains craignent que notre pays puisse être confronté à un black-out au beau milieu de l’hiver. Comment définit-on un black-out exactement et a-t-on raison de s’inquiéter d’un éventuel black-out? Metro répond à vos questions.

par
Sébastien Paulus
Temps de lecture 3 min.

Qu’est-ce qu’un black-out?

Lorsqu’on connaît une pénurie d’électricité, il n’y a pas de souci à se faire car on peut toujours compter sur nos pays voisins, qui envoient une partie de leur surproduction. Mais quand un hiver est rude, nos voisins ont besoin de leur réserve et ne peuvent même pas nous venir en aide. Cela crée un déséquilibre car la demande d’électricité dépasse l’offre. S’il grandit, ce déséquilibre peut entraîner un effondrement du réseau d’électricité, et on parle alors d’un black-out.

Une fois qu’il arrive, deux cas de figure sont possibles:

1) le réseau est reconstruit grâce au soutien des pays voisins, dans quel cas les clients disposent à nouveau d’électricité après quatre heures, voire huit pour les derniers.

2) les pays voisins sont également en difficulté, dans quel cas on peut compter entre dix et 24 heures d’attente pour retrouver de l’électricité.

Risque-t-on un black-out cet hiver?

Le fournisseur Elia répond à nos confrères de la DH que cela devrait aller, pour cet hiver au moins: « Il n’y a pas de risque zéro. Mais rien n’indique, à ce stade, qu’il y aura un black-out ni même un délestage. Rien ne démontre que des problèmes concernant la sécurité d’approvisionnement puissent apparaître cet hiver.»

Seul risque à l’heure actuelle, la situation en France, qui inquiète Jean Fassiaux: « En cas d’hiver avec des températures extrêmement basses, la France pourrait importer et tendre le marché. Mais à ce stade, on reste rassurant.»

Qu’en est-il du gaz?

Pour cet hiver, la question du black-out ne se pose pas puisque nos réserves sont remplies à 100%. Mais pour le spécialiste en géopolitique de l’énergie Adel el Gammal, la situation est plus inquiétante pour les hivers à venir. « Les stocks jouent le rôle d’amortisseur lorsqu’on chauffe beaucoup en hiver. À partir du printemps, on reconstitue traditionnellement les stocks. Le problème est que le gaz russe représentait 40% de la consommation européenne en gaz avant la guerre en Ukraine. Ce taux est tombé à 9% aujourd’hui. Qui dit que le Kremlin ne va pas le faire tomber à zéro? Bref, il faut remplacer cette source d’approvisionnement pour reconstituer nos stocks l’an prochain», explique-t-il à nos confrères de Moustique.

Grâce aux gazoducs, nous pouvons aller piocher en Norvège, en Algérie ou en Azerbaïdjan, mais les quantités offertes par ces pays sont insuffisantes. L’urgence de la Belgique, si elle veut éviter le black-out dans les années à venir, est donc de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement, voire de compenser avec plus de gaz naturel liquéfié, mais ce type de projets demande du temps…